On ne cesse de s'interroger sur la décision du président de la République, y compris parmi ses allié.es, de dissoudre l'Assemblée nationale. Réaction mégalomaniaque ? Position jusqu'au boutiste ? Mésinterprétation du contexte politique ? Toutes ces hypothèses peuvent converger. Il en est une qui a été moins développée. Ne pourrait-on imaginer au vu de la politique de son gouvernement ou de sa communication qu'Emmanuel Macron est ou est devenu un agent de l'extrême droite ?

Le 29 mars 2024 Arrêt sur image invitait Isabelle Roberts, autrice d'In bed with Macron, pour analyser les effets de la bollorisation du paysage médiatique. Macron aurait pris la mesure de la puissance de l'empire de Bolloré et aurait décidé de l'utiliser. Néanmoins à la suite d'Arrêt sur Images on peut se poser légitimement la question de savoir si de la part d'Emmanuel Macron il s'agit d'une dangereuse stratégie ou s'il sert le combat d'extrême droite.

On le sait, Bolloré a largement contribué à propager de manière provocatrice les idées d'extrême droite et promu apparemment le candidat de Reconquête. Il n'a eu de cesse de nourrir un sentiment anti-macroniste, relayé sur le terrain par les tentatives d'entrisme de l'extrême droite dans la lutte des Gilets jaunes, celle des opposant.es à la politique menée lors de l'épidémie de la Covid, ou celle des agriculteurs et agricultrices. Relayé aussi par l'utilisation très active par l'extrême droite des réseaux sociaux, souvent russophiles, notamment auprès des jeunes citoyen.nes.

Emmanuel Macron a-t-il fini par céder à ce rouleau compresseur médiatique ? Est-ce la raison pour laquelle ces dernières semaines on note une présence accrue de Macron et ses ministres les plus proches dans le JDD ?

Sur le même plan on peut se demander si tous les aspects les plus autoritaires de sa politique avaient pour vocation de faire taire ce qu'il appelle les "extrêmes" ou s'il promeut les idées d'extrême droite et prépare la société française à un exercice autoritaire du pouvoir : répression des Gilets jaune, de Sainte Soline, violences policières, démantèlement de la police judiciaire, attaques contre les libertés d'expression et de manifestation, militarisation de la jeunesse par le SNU, ambivalence à l'égard des violences faites aux femmes, politique colonialiste en Nouvelle Calédonie.

La libération de la parole raciste dans les médias et de la violence des groupuscules fascistes contre élus, militants et syndicalistes sont les signes de cette collusion. La campagne du Président, loin d'alerter de leur danger, consiste essentiellement à décrédibiliser la gauche, voire à lui prêter les valeurs antisémites de l'extrême droite par un renversement idéologique cynique.

Les électeurs et électrices, qui voteraient le RN par opposition à la politique et la personne de Macron, seraient ainsi doublement trompé.es. Il y a une urgence climatique et sociale, la tragédie serait de rejeter le seul programme d'union qui y répond. Il n'y a d'identité que celle de la lucidité et de la solidarité. Ouvrons les yeux. Oeuvrons pour un monde meilleur. La balle est dans notre camp.