Après dix ans de tentatives pour positionner Béziers comme capitale des Gaules (et son maire comme prélat), il est temps de revisiter cette obsession « ménardienne ».
Il y a quelques jours, la presse locale glisse dans un entrefilet que le maire de Béziers songe à se présenter aux présidentielles pour 2027, il va vérifier dit-il « s’il est prêt ».
Stratégiquement le maire pense ouvrir la boîte de Pandore des commentateurs à la solde de CNEWS qui vont à longueur d’antenne le questionner pour savoir quand il sera prêt.
La manœuvre est habile, mais suppose d’être au centre de l’échiquier politique, ce qui est loin d’être le cas.
Être au centre de l’échiquier politique quand on est d’extrême droite c’est diriger un parti. Le Pen et Zemmour l’ont compris, Ménard non.
Dans toute l’histoire du fascisme il existe des conflits internes de chefs (souvent sanglants) pour contrôler les partis, mais il n’existe pas de sauveur suprême, venu de nulle part, qui en prend le contrôle depuis l’extérieur. Les fascistes ne donnent jamais le pouvoir, ils se battent pour le garder.
Les sauveurs suprêmes qui surfent sur une situation pour en prendre le contrôle sont des bonapartistes. De Gaulle était un bonapartiste, Ménard l’est-il ?
Il aimerait bien mais il ne l’est pas.
Être bonapartiste suppose d’incarner dans un « instant T » une solution majoritaire à une crise, une impasse. Pour conduire cette sortie de crise, il faut incarner dans la durée une alternative, ne pas changer de cheval au milieu de la course.
Ça, Ménard ne sait pas le faire.
Depuis dix ans il a essayé tous les chevaux de retour de la droite et de l’extrême droite : Le Pen père, Bellamy, Dupont-Aignan, Le Pen fille, Le Pen petite-fille, Zemmour, Macron . . .
En choisissant la tête de liste des chasseurs, il vient de cocher la seule case qui lui manquait.
Ménard ressemble à ces barons locaux qui, comme Mesquida au département de l’Hérault ou Frêche à Montpellier règnent sans partage sur un territoire limité au prix de multiples tractations.
Comme ces barons locaux incarnent publiquement l’autoritarisme et le localisme à petite échelle, ils sont tenus à l’écart par les dirigeants nationaux. C’est et ce fut le cas pour Mesquida et Frêche au PS.
Qui, à droite où à l’extrême droite pourrait confier les clés d’un camion électoral national à Robert Ménard ? personne !
Pour mémoire, il faut se souvenir des fiascos de création « d’Oz ta droite » en 2016 à Béziers et du projet avorté d’une liste régionale avec la mairesse de Montauban.
La droite et l’extrême droite détestent les chauffeurs qui tournent sans prévenir, sans mettre de clignotants.
Tourner est un exercice difficile et laborieux, on le voit avec la soi-disant dédiabolisation du RN.
Même si Ménard ne devient jamais président de la République, il reste un ennemi de classe.
Un ennemi de classe engagé dans une croisade politique et culturelle dans le but d’étendre au-delà des limites de sa ville l’ordre nouveau auquel il adhère.
Ménard n’hésitera pas à nouer des alliances avec la droite ou l’extrême droite au pouvoir, quels qu’en soient les chefs.
C’est pour cela qu’il doit être combattu localement de manière unitaire, durable et sans concession.
