Parlons-en, puisque les vignerons nous disent que l’Inrae (1) fait des expériences sur la vigne. En résumé, il s’agit de noircir les vignobles de panneaux photovoltaïques, sous prétexte que l’on protégerait nos cultures du réchauffement climatique. On les met à l’ombre et en plus, les agriculteurs vendent l’électricité produite.
Alors que l’État avait, dans un premier temps, autorisé le photovoltaïque uniquement sur les toits et en zones anthropisées (centres commerciaux, anciennes carrières, etc.), les industriels ont eu, une fois de plus, des dérogations pour les mettre au sol, ce qui leur coûte moins cher. Ils ont trouvé la parade avec le concept « d’agrivoltaïque » tentant de convaincre les paysans que c’était une solution « miracle » : on peut y faire paître des moutons (comme si l’herbe poussait bien à l’ombre), et, en surélevant les installations, on peut y cultiver des fruitiers… enfin, et surtout, c’est un revenu complémentaire au monde agricole qui se plaint de ne pas en avoir assez.
L’argent, toujours l’argent comme but et moyens pour les promoteurs !
Le premier argument vient de dégringoler. Sous prétexte de protéger les cultures contre le réchauffement climatique, la sécheresse, ou pour économiser l’eau, on arrive à une catastrophe ; c’est ce que révèle un rapport confidentiel de Sun’Agri (racheté par Eiffage) sur les abricotiers des PO, sous « serres agrivoltaïques » : moins de rendement, perte de la vigueur des plantes, du goût des fruits, aucun effet sur le gel ou la chaleur ; en pays venté comme le nôtre, l’air chaud circule sous les panneaux, on y étouffe !!
Bref, que les vignerons ne tombent pas dans le panneau ; on a du mal à croire que la vigne résistera aux effets secondaires que même un industriel reconnaît.
Cerise sur le gâteau : c’est un chercheur de l’Inrae, Christian Dupraz, qui a fait rentrer le loup dans la bergerie (le groupe industriel Sun’Agri) avec la complicité de la Fnsea, grâce aux millions de subventions provenant de la Région Occitanie, où il était élu EELV, sous le premier mandat de Carole Delga.
Heureusement que tout le monde n’est pas dupe de la combine : la Confédération paysanne dénonce l’enfumage de transformer des agriculteurs en producteurs d’électricité ; des chambres d’Agriculture (comme le Gers) sont contre, d’autres sont sceptiques (l’Hérault, le Tarn…) enfin le Parc naturel régional du Haut Languedoc a délibéré contre.
(1) L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) qui prend maintenant un E pour environnement et devient l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement
(2) Silence, en collaboration avec le journal L’Empaillé, publie les résultats de ce rapport et leurs conséquences désastreuses sur des vergers. Articles de Silence et de l'Empaillé :
"L'évangéliste du photovoltaïque agricole" et "Deux rapports sabotent « l'agrivoltaïsme »".
Version publiée dans Silence :
Quand l’industrie « agrivoltaïque » démontre elle-même son inefficacité".