Crise climatique, crise agricole. Difficile de nier la réalité. La saharisation de la Catalogne est en cours. Le déficit d’eau n’épargne pas le reste du Languedoc-Roussillon. Viticulture, arboriculture, maraîchage sont directement impactés. Mais aussi tout un chacun. Au printemps dernier un tiers des villages de l’Hérault risquait de voir le robinet à sec et plusieurs villages, notamment des PO, du Minervois ou des Corbières, ont été ravitaillés par camions citernes, y compris l’hiver. La Camargue ou l’embouchure de l’Orb sont en cours de salinisation. Et ne confondons pas météo et climat. Les trombes d’eau tombées ce week end n’enlèvent rien à la réalité de cette crise, voire en sont l’aspect inversé.
L’appel de Bages lancé par Carole Delga la semaine dernière est assez révélateur de la manière dont les différents acteurs institutionnels abordent la nécessaire adaptation au changement climatique, élu.es, représentants.es des collectivités territoriales ou de l'Etat, comme syndicats agricoles majoritaires.
Les mesures annoncées concernent essentiellement la manière de faire venir ou de retenir l’eau censément disponible à court (réutilisation des eaux usés, retenues collinaires), moyen (bassines de stockage) ou long terme (prolongement et doublement de l’Acqua Domitia qui amène l’eau du Rhône), en direction de l’agriculture existante.
Rien n’est dit sur la déficience en eau que subissent de nombreuses communes ou qui menacent d’autres, ce qui soulève la nécessaire question du partage de l’eau.
Rien n’est dit ou si peu sur la nécessité absolue de changer productions et pratiques agricoles et d’accompagner en termes de formations et de financement les paysan.nes de demain pour leur assurer un revenu à la hauteur de leur travail tout en privilégiant une agriculture de sécurité alimentaire et qui respecte le vivant.
La question est : irriguer ? certes, mais pour quoi faire ? Comment utiliser cette eau précieuse pour créer du vivant plutôt que de faire survivre un système agricole qui n’est plus adapté ?
L’aide à l’arrachage définitif des vignes répond à l’urgence de la crise viticole. Mais pour quoi faire ? D’autres types d’ agricultures industrielles alimentées par l’eau du Rhône ? Le prétexte à une spéculation foncière ? L’installation de champs de panneaux solaires ?
Toutes ces questions mériteraient un débat citoyen qui englobe tous les aspects du problème et toutes les personnes concernées, c’est-à-dire tout le monde. Des solutions existent pour régénérer le vivant et économiser l’eau, comme l’hydrologie régénérative ou l’agroforesterie. Ces solutions devraient faire partie et être au cœur d’un plan global de survie de notre région. Si on ne veut pas qu’elle ressemble bientôt à l’Andalousie ou les plaines de Saragosse.
On vous invite à assister à Saint-Jean de Fos à la conférence « Semer la pluie » donnée par l’hydrologue Olivier Hébrard le 2 novembre à 19h30. Histoire de se tourner vraiment vers l’avenir.