Bon, on ne va pas revenir sur les déboires de Bayrou (loupé Mayotte, mais pas le conseil municipal à Pau, etc.). Il faut rappeler que le Premier ministre — qui fut, c’est fantastique, celui de la Justice en 2017 — a dû démissionner pour l’affaire des détournements de fonds publics de son parti, le Modem. Et celle de Bayrou n’est pas finie, puisqu’il est toujours sous la menace d’un nouveau procès. Ça commence bien ! Mais regardons la composition de son équipe, et allons voir celles et ceux qui sont aussi en délicatesse avec la justice et la déontologie.

Manuel Valls, ministre d’État, ministre des outre-mer

Il a été recruté comme consultant pour le Bahreïn, cet été. Engagé dans la défense des intérêts du Bahreïn, il a empoché 30 000 € en trois jours, hors frais de déplacement (avions, hôtel…). Son contrat de mission a été signé par Philippe Feitussi. Les fonds qui ont permis de financer l’initiative ont été versés par une entreprise offshore enregistrée à Hong Kong. Sous un prête-nom, pour masquer ses propriétaires, dont Me Feitussi refuse de donner l’identité.

Rappel : Manuel Valls a été condamné par la Cour des comptes espagnole à payer plus de 270 000 euros pour des infractions lors la campagne municipale à Barcelone.

Jean-Noël Barrot, ministre de L’Europe et des Affaires étrangères

Le téléphone personnel de Jean-Noël Barrot a récemment été hacké, provoquant la panique des services de sécurité de l’État. À leur étonnement, le ministre n’a pas voulu qu’ils regardent son téléphone !

Rachida Dati, ministre de la Culture
Après cinq ans d’enquête, le parquet national financier (PNF) vient de requérir un procès contre elle pour « recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance » et « corruption et trafic d’influence passifs par une personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale ».


Gérald Darmanin, ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice 
Certes la justice a définitivement tranché en 2023 : il a bénéficié d’un non-lieu après la plainte pour viol déposée contre lui. Une autre plainte pour abus de faiblesse a été classée sans suite en 2018. Pourtant les récits des deux femmes accusant le ministre sont étayés par des documents, notamment des échanges de SMS avec l’élu.

Darmanin la trouvait molle, aujourd’hui il affiche sa solidarité avec Le Pen en cas d’inégibilité (idem pour Bayrou). La suite nous dira si le ministre interviendra auprès des juges pour lui filer un coup de main.

Éric Lombard, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
L’ex-directeur général de la Caisse des dépôts était (est ?) aussi président du théâtre des Champs-Élysées que l’établissement public subventionne lourdement. Ce cumul a dû être aménagé, tardivement, pour minimiser le risque juridique.
Il dit que la clientèle du théâtre « est assez bourgeoise ». Ce qui en fait lui plaît bien.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
Elle est fille de Michel Runacher, un ex-dirigeant du géant pétrolier Perenco qui lui a légué des parts de fonds d’investissement domiciliés dans des paradis fiscaux. Une situation qu’elle avait oublié de déclarer quand elle a été nommée secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances. Des faits sur lesquels porte tout de même un risque de conflit d’intérêts.

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations
Aurore Bergé fait l’objet d’une très officielle saisine de la justice pour parjure, soupçonnée d’avoir menti sous serment, en avril, devant une commission d’enquête sur les crèches. Elle avait dit ne pas connaître l’une des principales lobbyistes du secteur privé, Elsa Hervy, déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèche (FFEC). Ce qui est faux.

Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie 
Alors qu’il était député (Renaissance) des Français de l’étranger, l’élu est a été accusé (par Blast) de conflit d’intérêts, ainsi que son père Pierre Ferracci, autour du marché des prestataires privés de Pôle emploi. Il possède des parts dans le puissant groupe Alpha, l’entreprise de son père qui assure depuis des décennies des missions de conseil et d’expertise auprès des syndicats et des entreprises. Il renonce à sa plainte en diffamation.

Patricia Miralles, ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants  
Épinglée en 2022 par Mediapart pour des dépenses personnelles aux frais de l’Assemblée nationale lorsqu’elle était députée, l’Héraultaise de service avait dénoncé sur tous les tons des « accusations calomnieuses ». Au terme d’un contrôle des services de l’Assemblée nationale, l’actuelle secrétaire d’État a finalement dû procéder au remboursement de ses dépenses personnelles.

Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux
Sénateur socialiste de Mayotte il s’est retrouvé au cœur d’un curieux échange de collaborateurs au palais du Luxembourg, avec son collègue Joël Guerriau (mis en examen pour administration d’une substance afin de commettre un viol). Son nom est apparu à la marge, à la faveur d’investigations sur le système mis en place par Guerriau tout au long de sa carrière politique. Ce dernier employant son épouse a craint que l’histoire finisse comme pour Fillon. Heureusement, ladite épouse a pu trouver un contrat de travail proposé par… Thani Mohamed Soilihi.

On ne sait pas trop où l’on va avec un tel gouvernement.

Quand on pense qu’il aurait « suffi » que Macron reconnaisse le vote majoritaire des Français et nomme une Première ministre du Nouveau Front Populaire, qui nous aurait donné la possibilité de voir ce qu’une gauche unie pouvait faire… bé non !!

Sources : les différentes enquêtes de Mediapart que l’on vous conseille de soutenir