C’est François Bayrou qu’Emmanuel Macron a choisi pour tenter de trouver une issue à la crise politique qu’il a lui-même déclenchée. « Monsieur Morale publique » a donc accédé à Matignon, à l’ancienneté, lui qui en rêvait depuis si longtemps. Mais la tâche s’annonce ardue.
Ce second de cuisine, membre fondateur et permanent de la brigade présidentielle, a déclaré dès sa prise de fonction que la dette et le déficit pose un problème moral. Il a bien raison.
Mais est-il le mieux placé pour résoudre le problème ? Jadis chantre des batailles contre les abus de pouvoir et pour un durcissement de la lutte contre les atteintes à la probité, François Bayrou a en effet multiplié ces derniers temps les déclarations polémiques en défendant des mis en cause dans des affaires politico-financières.
Lui-même impliqué dans les affaires de détournement d’argent dans l’affaire des assistants parlementaires européens, il a soutenu Marine Le Pen accusée d’avoir les mêmes pratiques délictueuses et a même parrainé sa candidature à l’élection présidentielle. Il s’est aussi de la condamnation d’ Hubert Falco, ancien maire de Toulon, condamné pour détournement de fond public, en déclarant que son comportement « n’est pas un crime contre l’humanité ! »,
Alors notre « Docteur Morale » ressemble plus souvent à un « Mister Hyde » de la politique la plus réactionnaire.
Mais c’est le mot morale qu’il a utilisé pour parler de la dette et du déficit.
La morale, Monsieur Bayrou, serait d’avoir l’honnêteté de dénoncer les faits suivants :
- la France compte 147 milliardaires en 2024, contre 67 il y a dix ans
- le taux de pauvreté augmente en France depuis le début des années 2000
- plus on est riche, moins on paie d’impôts
- entre 2012 et 2023, le nombre de SDF en France a augmenté d'environ 130 %
- un français sur six ne mange pas à sa faim
- près de 330 000 personnes sont sans domicile. Parmi elles, 40 000 sont sans-abri dont de nombreux enfants.
Et je pourrais multiplier les aberrations et les injustices qui insultent la morale chère à notre 1er ministre.
La morale, Monsieur Bayrou, serait d’accepter que les véritables causes de notre dette et de notre déficit sont à chercher dans les politiques anti-sociales menées depuis des dizaines d’années avec votre complicité.
La morale, serait donc d’y mettre fin !
Bayrou 1er ministre, Docteur Morale ou Mister Hyde ?