Il y a dix ans, à la suite de la série d’attentats qui visait, entre autres, Charlie Hebdo, le très catholique maire de Béziers mettait en garde sa population contre : « l’œcuménisme » qui se dégageait des manifestations pro Charlie.

Dans une sorte de « meeting » improvisé place de la mairie, le maire récemment élu en mars 2014 avait alors mis en garde contre « l’esprit Charlie » qui ne préparait pas à la croisade nécessaire contre ce qu’il nommait sans distinction : « l’islamisme ».

Il a montré depuis qu’à la caricature, même imparfaite, il préférait la désignation.

Cette désignation est un choix politique. Il a successivement désigné les migrants qui envahissent la ville, les femmes attachées sur le rail quand passe le TGV, les femmes fessées ou étranglées par les hommes, le meilleur ami de la police, le pistolet, etc.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans ses combats le maire de Béziers ne donne pas dans la caricature.

Le but affiché est de cliver, incessamment cliver, en séparant les « pour » et les « contre », le bon grain de l’ivraie. Cette stratégie est bien sûr électorale, mais elle est aussi politique.

Elle colle à celle de son mentor.

De l’autre côté de l’Atlantique, Trump désigne méthodiquement ses cibles. Elles peuvent être qualifiées de « sénile » comme Biden, « wokiste » comme Harris, « gouverneur de province » comme Trudeau. En les désignant comme cibles Trump souhaite au minimum leur mort politique.

À Béziers, Ménard fait du Trump de sous-préfecture de province, avec le matériel à sa disposition : des affiches et des panneaux. Il le fait depuis dix ans avec la même continuité, la même application, la même persévérance.

La dernière affiche placardée sur les bus de la ville était une photo qui montrait un portrait des dictateurs nord-coréen, russe et iranien avec cette phrase « N’oubliez pas de trier les déchets ».

Ravaler un opposant au rang de déchet se situe dans le plus pur « esprit Trump », dans le plus pur « esprit fasciste ». La qualification de déchet sous-entend qu’on doit le jeter, s’en débarrasser. Que l’opposant est bon à disparaître, être jeté à la poubelle !

La poubelle qu’invoque le maire de Béziers n’est pas « la poubelle de l’histoire », c’est la déchetterie. La déchetterie c’est la phase ultime de réception des déchets avant leur destruction par les flammes et leur enfouissement.

Bien entendu, chez Ménard le vœu de mort n’est pas explicite.

Il ne dit pas « tuez-les tous, Dieu retrouvera les siens », comme les intégristes catholiques lors du sac de Béziers en 1210. Il se contente de dresser une longue liste de cibles désignées à sa vindicte.

Cette liste ne s’allonge pas, c’est toujours la même. Ce n’est pas forcément rassurant.

Le retrait de cette affiche sous la pression internationale ne change rien.

Nous devons nous méfier de ceux qui souhaitent la mort politique de leurs opposants.

L’histoire a prouvé qu’ils peuvent réaliser ce désir de mort.

 

 

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