La révolte des Asturies marque le point d’orgue de la guerre sociale engagée par la bourgeoisie industrielle et les « latifundistes » contre la classe ouvrière et la paysannerie.

Le 14 avril 1931, le roi d’Espagne Alphonse XIII quitte le pays, la deuxième république est proclamée.

Avant cette proclamation, dès le début du siècle, l’Espagne connaît des affrontements sociaux endémiques liés à une structuration sociale quasi féodale. L’oligarchie agraire, dans un rapport inégal avec la bourgeoisie industrielle et financière, est traditionnellement la force dominante du capitalisme espagnol. Au cours d’un processus d’industrialisation douloureux et irrégulier, son monopole du pouvoir commence à être contesté par les paysans sans terre, les « braceros », et la bourgeoisie.

La prospérité dont jouit l’Espagne, neutre pendant la Première Guerre mondiale, enhardit les industriels et les banquiers qui aspirent à un rôle politique au même titre que les grands propriétaires terriens. Confrontés à un prolétariat industriel et une main d’œuvre paysanne militante, latifundistes et bourgeois nouent une alliance défensive.

En août 1917, l’armée anéantit dans le sang une menace révolutionnaire. Elle intervient à nouveau en 1923. Pendant toutes ces années, l’agitation sociale frôle l’insurrection.

Dans le sud se produisent des soulèvements ruraux, ils sont appelés « les trois années bolchéviques ». Dans le nord, les industriels du Pays Basque et des Asturies pratiquent des baisses de salaire et des licenciements. Ils affrontent des grèves violentes.

Dans cette période de rapports de forces radicaux la bourgeoisie est prête à recevoir le message distillé par les catholiques d’extrême droite : une alliance secrète réunissant les Juifs, les Francs-maçons et l’Internationale communiste veut la destruction de l’Europe chrétienne. L’idée qu’un complot juif vise à détruire la chrétienté date du moyen-âge. L’extrême droite ressuscite cette thèse du complot pour discréditer tous les libéraux jugés responsables des changements sociaux nuisibles à ses intérêts.

Les craintes de cette élite rétrograde s’apaisent en 1923, quand l’armée intervient et que le général Primo de Rivera établit une dictature. Tant qu’il est au pouvoir, Primo de Rivera rassure les possédants. Mais cette dictature ne dure pas, Primo de Rivera s’aliène les propriétaires terriens, les industriels, le haut clergé et certains officiers. L’armée laisse une coalition électorale unissant socialistes et républicains bourgeois gouverner le 14 avril 1931.

La coalition socialo-républicaine compte utiliser le pouvoir institutionnel pour mettre en place un ambitieux programme visant à créer une Espagne moderne en anéantissant l’influence réactionnaire de l’église, en éradiquant le militarisme, en améliorant les conditions de vie misérables des paysans et des ouvriers.

La crainte et l’animosité des riches trouvent leur première ligne de défense dans la « guardia civil ». C’est sur ces bases on ne peut plus instables que commence la deuxième république.

( Cet article est rédigé à partir d'extraits de lecture du livre de Paul Preston - souvent cité dans ces colonnes - " Une guerre d'extermination" édité aux éditions Belin en 2017. Je vous en recommande vivement la lecture intégrale )

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