Depuis quelques années, cette dame de 856 ans montrait déjà des signes de fragilité préoccupants. Un vaste chantier de rénovation avait débuté en juillet 2018. Il devait durer plusieurs années pour un coût estimé à 150 millions d’euros. Des architectes travaillaient sur l’affaire dans le cadre d’un vaste projet d’ensemble pour l’ile de la Cité.
Or le 15 avril 2019, un incendie de la cathédrale advint le soir même où le président de la République devait présenter à la télévision ses conclusions sur ce qu’il avait appelé « le grand débat national » ! * Un discours qui devait changer « le cours normal de nos vies ».
À sa place, nous avons eu l’incendie en direct, comme en 2001 nous avions eu l’écroulement des tours jumelles.
Quant au discours, il n’a pas eu lieu, ni ce soir-là ni plus tard.
Pourtant l’allocution du 15 avril ayant été préenregistrée, des éléments choisis ont circulé dans divers médias.
Si « le cours normal de nos vies » n’a pas été changé, l’incendie de Notre-Dame a bouleversé celle d’un certain nombre d’acteurs impliqués de près ou de loin dans sa conservation.
– Des personnalités médiatiques et des artisans (en particulier charpentiers) ont contesté les motifs invoqués : court-circuit électrique ou mégots de cigarettes, comme causes de cet incendie.
– Un conflit s’est fait jour au sujet de la flèche de la cathédrale entre l’architecte Philippe Villeneuve et le général Jean-Louis Georgelin, missionné par Macron pour en superviser les travaux.
– Le décès du général Jean-Louis Georgelin le 18 août 2023, consécutif à une chute, lors d’une randonnée en Ariège, à 650 mètres d’altitude, a surpris. La piste accidentelle a été adoptée sans plus d’investigation. L’homme était un loup solitaire de 75 ans, sans enfant.
Faisant suite à la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Macron le dimanche 9 juin 2024, le président a différé la nomination d’un Premier ministre durant tout l’été grâce à l’omniprésence des Jeux olympiques. Ensuite, on a assisté à la nomination de Michel Barnier, puis à la motion de censure contre lui, le 4 décembre dernier.
Et c’est là qu’intervient pour la deuxième fois en faveur du président, Notre Dame de Paris elle-même toute prête à occuper la scène, ressuscitée et reliftée.
Les 7 et 8 décembre, en grande pompe, les cérémonies éclipsent l’actualité politique. Macron a invité les présidents des pays du monde occidental et autres personnages illustres ! (À noter le refus du pape François.) Arbitre autoproclamé, il s’est même permis d’organiser une rencontre tripartite avec Trump et Zélenski.
La visite de la cathédrale et les remerciements aux artisans et aux donateurs sont passée·s en boucle sur les écrans le temps qu’il lui fallait gagner.
Le 14 décembre enfin, Bayrou est appelé aux commandes du gouvernement.
Pour combien de temps ? Aurons-nous droit à un 3e miracle ?
- Pendant 80 jours, Emmanuel Macron a mené 92 h 40 heures de discussions avec les Français, lors de 16 rencontres avec des élus ou des citoyens de toutes les régions, selon le recensement de l’Élysée. 255 000 contributeurs choisis ont donné leur avis ou transmis leurs doléances. Une opération qui a coûté « un pognon de dingue » et accouché d’une souris.