L’insurrection lancée en octobre 1934 pour éviter l’instauration d’un régime fasciste va échouer au niveau national par manque d’organisation et d’unité. Dans les Asturies, l’insurrection va se transformer en commune grâce à la solidarité des mineurs.
Épisode 4 : le déclenchement de l’insurrection d’octobre
La gauche a objectivement toutes les raisons de craindre qu’un nouveau gouvernement avec la CEDA impose un régime fascisant.
L’état d’urgence a été déclaré pendant 222 jours des 315 jours du gouvernement d’extrême centre. 60 des 93 jours de normalité institutionnelle ont coïncidé avec la période électorale de novembre 1933.
Pendant toute cette année, la censure imposée à la presse, les amendes et saisies de journaux, la limitation de la liberté d’association, la déclaration d’illégalité de presque toutes les grèves, la protection des activités fascistes, l’élimination des conseils municipaux bien que ressemblant à une forme de « terreur blanche » ont été dénoncées comme « des mesures faibles » par Gil Robles.
Pendant cette répression, le comité révolutionnaire de Largo Caballero n’a rien prévu pour prendre le pouvoir. Les « milices révolutionnaires », à l’inverse des Soviets, n’ont ni structure nationale ni structure locale.
Le 3 octobre 1934, quand Largo Caballero apprend qu’un gouvernement est en passe d’être formé avec la participation de la CEDA, il n’en croît pas un mot et ordonne qu’aucune mesure ne soit prise pour déclencher le mouvement.
Même lorsqu’il n’est plus permis de nier la nouvelle, il admet avec réticence qu’il n’a pas le choix et que la « révolution » doit être lancée.
Le 4 octobre 1934, pour laisser le temps au Président Zamora de refuser le nouveau gouvernement, les dirigeants du syndicat UGT accordent 24 heures de préavis.
Au niveau politique, la proposition des trotskystes du POUM et des anarchistes de la FAI de participer dans un cadre unitaire à une action révolutionnaire est refusée sans appel par les socialistes.
Le nouveau gouvernement a les coudées franches pour arrêter les leaders ouvriers et incarcérer les membres de la police et de l’armée jugés suspects.
Les leaders socialistes qui parviennent à échapper aux arrestations se cachent, comme Largo Caballero, ou s’exilent comme Prieto.
Leurs partisans attendent des instructions, faute d’en recevoir en moins d’une semaine la grève s’étiole.
En Catalogne, où anarchistes, trotskystes et autres groupes de gauche collaborent avec les socialistes au sein de l’Alliance ouvrière les évènements prennent une tournure spectaculaire.
Beaucoup de comités locaux s’emparent de leur village et attendent des instructions qui ne viennent pas.
Dans la capitale catalane, Companys, le Président de la Generalitat déclare un État indépendant, mais refuse de donner des armes à la classe ouvrière.
Dans les Asturies il en va autrement. Dès que la nouvelle de l’entrée de la CEDA au gouvernement se répand dans les vallées minières, le 4 octobre en fin d’après-midi, les mineurs prennent leur destin en main.
La solidarité des mineurs ayant surmonté toutes les divisions, toutes les forces de gauche sont unies au sein de l’Alliance ouvrière.
Elles vont écrire l’histoire de la commune des Asturies dont nous fêtons le 90ième anniversaire.
Commune des Asturies dont Robert va vous raconter l’histoire et le déroulement.
(Cette série d’articles est rédigée à partir d’extraits de lecture du livre de Paul Preston - souvent cité dans ces colonnes - « Une guerre d’extermination » édité aux éditions Belin en 2017 et en collection poche en 2020. Je vous en recommande vivement la lecture intégrale.)