Le 16 septembre 1936, voilà exactement 88 ans, Le Pourquoi pas ? sombre en Islande après douze heures de tempête.

 Il se brise sur des récifs peu après avoir quitté le port islandais de Reikjavik. A son bord, l'explorateur Jean-Baptiste Charcot disparaît dans le naufrage ainsi que trente-neuf hommes d'équipage.

Fils du célèbre neurologue de l'hôpital de la Salpêtrière et lui-même médecin, le jeune Charcot ne poursuivra pas cette voie médicale pour forger son avenir. Bien que n'ayant aucun ancêtre marin, il ne songe en effet, dès sa prime jeunesse, qu'aux bateaux et en dessine, à l'école, dans tous ses cahiers.

Cette vocation achève de s'affirmer lorsque à 25 ans il achète son premier bateau et décide de s'orienter vers l'exploration et l'océanographie.

 En 1905, il cartographie la péninsule antarctique, au sud du Chili, à bord de son trois-mâts goélette, Le Français

1 000 km de côtes découvertes et relevées à l’ouest de la terre de Graham, 3 cartes marines détaillées, 75 caisses d'observations, de notes, de mesures, de spécimens et de collections destinées au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, sont ramenées en France. Cette première équipée marquera l’histoire des expéditions scientifiques françaises dans la région.

Au terme de l'expédition, l'explorateur doit abandonner son navire, hors d'état de naviguer. Il le revend à Buenos Aires et rentre en France à bord d'un paquebot. Là, il apprend que sa femme, la petite-fille de Victor Hugo, a demandé et obtenu le divorce... pour abandon du domicile conjugal !

Mais, fort d'une gloire nouvelle, l'explorateur... se remarie et obtient assez de subventions pour armer un nouveau navire de 445 tonneaux, le Pourquoi pas ? - bateau d'exploration polaire de 40 mètres gréé en trois-mâts, équipé d'un moteur et comportant trois laboratoires et une bibliothèque. Le curieux nom de ce navire d'explorations polaires vient de ce que, dans son enfance, le commandant Charcot répondait «pourquoi pas ? » à ceux qui doutaient de sa volonté de devenir marin et explorateur des terres polaires.

Il repart vers l'Antarctique pour une nouvelle campagne d'exploration . Pendant la Première Guerre mondiale, Jean-Baptiste Charcot sert comme lieutenant de vaisseau dans la Marine et sitôt la guerre finie, l'insatiable explorateur reprend avec le Pourquoi pas ? ses campagnes polaires. et ses recherches dans l'Atlantique Nord cette fois-ci

 Il y effectue un grand nombre de croisière scientifiques qui le mèneront aussi bien vers les Hébrides que vers les côtes orientales du Groenland d'où il rapporte une abondante récolte de fossiles et de nombreux échantillons d'insectes et de flore locaux.
C'est en 1934, que charcot emmène le jeune ethnologue Paul-Émile Victor au Groënland. Il y séjourne pendant un au milieu d'une population d'eskimo.

En septembre 1936, de retour du Groenland, où il est allé livrer du matériel scientifique à la mission de Paul-Emile Victor et après avoir rempli une mission de sondage, le Pourquoi Pas ? fait une escale à Reykjavik  le 3 septembre pour réparer la chaudière du bateau.

 

Ils repartent le 15 septembre pour Saint-Malo mais le bateau est pris le 16 septembre dans une violente tempête cyclonique et coule corps et biens sur les récifs vers 5 h 30.

Le bilan est de 23 morts, 17 disparus et un seul survivant : le maître timonier Eugène Gonidec, originaire de Douarnenez et surnommé Pingouin. Il racontera que le commandant Charcot, comprenant la destruction inévitable du Pourquoi Pas ? sur les récifs, libéra de sa cage la mouette Rita qui était la mascotte du bord. Le docteur Charcot, avec à ses côtés le commandant, officier des équipages de 1re classe Le Conniat et le maître principal pilote de la flotte Floury, restèrent à bord et coulèrent avec le navire, selon les plus pures traditions de la marine.

Une cérémonie funèbre se déroulera d'abord à Reykjavik. Mais c'est à Saint Malo (port d'attache du Pourquoi pas ? ) après l'arrivée des 23 cercueils , que s’exprima une véritable ferveur populaire pour cet homme juste, infatigable serviteur de la science. 

Enfin les naufragés auront des funérailles nationales à Notre-Dame de Paris, le 12 octobre 1936, en présence du Président Lebrun.

Jean-Baptiste Charcot a découvert de nouvelles terres et a navigué plus de trente ans dans les mers polaires. Très respectueux de la nature, il a été le premier à considérer ces régions comme un terrain de travail et non comme un champ de courses... Scientifique dans l’âme, mais toujours aventurier dans l’esprit, il n’aura de cesse durant toute son existence d’allier découverte scientifique et aventure humaine.

Un homme qui, durant toute sa vie, jusqu’à une mort légendaire, est resté fidèle à son principe de jeunesse : "faire œuvre utile".
Le grand explorateur anglais Scott sut décrire ce caractère par une épithète lapidaire et élogieuse : "Charcot : the Polar gentleman", le gentleman des pôles !

Charcot appartient à cette famille d'explorateurs français des régions polaires qui compte dans ses rangs Jules Dumont d'Urville, Paul Emile Victor mais aussi Jean-Louis Etienne qui prépare une nouvelle exploration de l'océan austral à bord du Polar Pod une plateforme océanographique habitée, spécialement conçue pour dériver autour de l'Antarctique dans les "cinquantièmes hurlants" !

Mais ce sera une autre histoire !
 
 

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