Cette rubrique évoque le destin et l’histoire d’une chanson qui plus de 150 ans après sa création reste dans l’idéal collectif la fusion de l’amour et de la révolution.
La chanson de Jean Baptiste Clément << Le temps des cerises >> est liée à la commune libre et autogérée de Paris en 1871.
C’est aussi une chanson d’amour.
Pour les millions de personnes qui l’ont fredonné << Le temps des cerises >> c’est peut-être l’alliance de l’amour et de la révolution.
1 / Le contexte historique
La défaite de Napoléon III en 1870 provoque l’encerclement de Paris et laisse les parisiens se défendre seuls contre les armées prussiennes.
Napoléon III à abdiqué et un gouvernement provisoire à abandonné la capitale pour se réfugier à Bordeaux et plus tard à Versailles.
Le siège et l’encerclement de Paris par les Prussiens durent 5 long mois entre septembre 1870 et janvier 1871. Cinq mois de combats et de famine où Paris ne capitule pas.
Dès la signature de l’armistice Thiers et son gouvernement multiplie les mesures vexatoires contre la population parisienne qui a résisté seule contre l’envahisseur.
Le 18 mars 1871 l’insurrection éclate c’est le début de la commune de Paris. Pendant plus de deux mois une commune libre et autogérée va résister aux assauts des 130 000 soldats déployés par Thiers pour reprendre la ville.
La commune de Paris s’achève dans le sang le 28 mai 1871 mais cette répression n’efface pas le souvenir de cette merveilleuse parenthèse que fut la commune.
La chanson de Jean Baptiste Clément perpétue se souvenir depuis plus de 150 ans.
2 / L’auteur
Jean Baptiste Clément connaît très tôt la prison sous Napoléon c’est un républicain qui va évoluer vers le socialisme.
Son engagement est passionné, radical et poétique, puisqu’il compose de nombreuses chansons et comptines.
La chanson << le temps des cerises >> est publiée sans le visa de la censure depuis la Belgique ou Clément s’est réfugié.
Militant pour la commune de Paris dés le 18 mars 1871 (il a été maire de Montmartre) Clément participe aux dernières barricades.
Exilé à Londres à la fin de la commune il est condamné à mort par contumace.
Amnistié en 1879 il rentre à Paris en 1880 et participe à tous les combats de la gauche révolutionnaire.
Il meurt le 23 juin 1903 à l’Age de 66 ans.
Plusieurs milliers de personnes participent à son enterrement au cimetière du père Lachaise à Paris.
3 / La chanson
Bien qu’écrite 5 ans avant la commune de Paris, la chanson << Le temps des cerises >> restera à jamais assimilée à la commune et aux révolutions.
Cette assimilation s’explique par des paroles qui parlent << d’une plaie ouverte >>, << d’un souvenir que je garde au cœur >>, << de cerises d’amour qui tombent en gouttes de sang >>.
Paroles qui peuvent tout aussi bien évoquer une révolution qui a échoué qu’un amour perdu.
On peut facilement y voir une métaphore poétique où les cerises représentent les impacts de balles.
Balles auxquelles il est fait allusion sous l’image des belles qu’il vaut mieux éviter.
La coïncidence chronologique fait aussi que la semaine sanglante qui marque la fin de la commune se déroule fin mai au moment du temps des cerises.
C’est sans doute tous ces signifiants doublés de la personnalité de l’auteur et son engagement qui ont été investi à postériori.
Investis à postériori par tous les anonymes qui avaient lutté pour une commune libre et autogérée pour perpétuer un souvenir et une expérience si durement réprimée.
Chanter << Le temps des cerises >> c’est leur rendre hommage en chantant l’amour et la révolution.
Le vendredi 14 juin à partir de 20 h 00, la musique africaine débarque à la Cimade pour libérer Béziers. Avant de passer les manettes à Éric Lucas pour présenter quelques uns des titres sélectionnés : spéciale dédicace à l'amour et à la révolution !