Le 8 avril 1973, voilà exactement 51 ans, Pablo Picasso s'éteint à Mougins à l'âge  de 91 ans.  L'enfant, né le 25 octobre 1881 à Malaga, en Andalousie, au sud-est de l'Espagne, a voulu imiter son père, décorateur de salles à manger, qui arrêta de peindre lorsqu'il prit conscience du talent de son fils. Avant même de savoir marcher, le petit Pablo s'agrippe à son crayon.

Mais il faut se former.  Il part à 14 ans à la découverte de la peinture espagnole à travers tout le pays, avant de réussir brillamment le concours d'entrée à l'école des beaux-arts de Barcelone, ville alors en pleine effervescence.

C'est le temps des premiers ateliers et de la première exposition avec des œuvres au style encore académique. Le souvenir du jeune peintre perdure dans le musée qui lui est consacré, au cœur du quartier gothique, dans la calle Moncada. Mais Paris, passage obligé de tout artiste à la Belle Epoque l'attend...

En 1900, Montmartre est un vivier d'artistes aux têtes pleines d'idées mais aux poches vides. À 20 ans, Picasso y voit la vie en «bleu», de la couleur dont il peint les tableaux de cette première période. La légende dit que l'on doit l'omniprésence de ces tons bleutés au prix imbattable d'un stock de tubes... 

Il hante alors les musées, les cabarets, les cirques et bien sûr les cafés tout en partageant une chambre avec son ami le poète Max Jacob, à peine plus argenté.

En 1904, avec des amis peintres, il installe son atelier dans un vieux bâtiment délabré, le Bateau-lavoir.

Un jour, une jeune fille vient s'y abriter de l'orage : il s'agit de Fernande Olivier. Elle sera son premier amour et son premier modèle.

Les toiles deviennent roses ! Les amateurs commencent à apprécier son style. La fin de la vie de bohème n'est pas loin !

C'est une promenade au musée de l'Homme qui a changé le cours de l'histoire de l'art : en 1907, Picasso y découvre l'art «nègre», originaire d’Afrique subsaharienne, avec ses formes géométriques simples qu'il met aussitôt en application dans "Les demoiselles d'Avignon".

C'est le tableau du scandale : en quelques coups de pinceau, il désarticule les visages, devenus des masques, brise les corps nus et met à bas les règles de la peinture héritées de la Renaissance.

Qu'importent les cris d'Henri Matisse : avec Georges Braque, Picasso se lance dans des compositions où les formes semblent réduites à des cubes. Le «cubisme» est né.

Ce nouveau mouvement, présenté comme le point de départ de l'art moderne, ne s'embarrasse plus de l'idée de vraisemblance qui a fait les beaux jours de la peinture classique. Allant encore plus loin que son maître Cézanne, le peintre préfère adopter les lignes fortes des primitifs, en particulier espagnols et africains.

Picasso vient de donner un formidable coup de pied dans la fourmilière de l'art !

Le public, même s'il comprend mal cette nouvelle tendance, achète : Picasso devient riche et quitte le Bateau-lavoir.

Dans le Midi, il développe ce qu'il appelle les «procédés papéristiques et pusiéreux (sic)» de Braque : la technique des papiers collés.

L'arrivée de la Grande Guerre sonne le début des malheurs : les amis de Picasso (Braque, Apollinaire, Derain...) partent au front tandis qu'Eva, sa compagne,  meurt de tuberculose.

Il observe d'un œil les agitations du monde de l'art, bousculé par le dadaïsme puis le surréalisme. Après être revenu quelque temps au style figuratif, il se laisse entraîner par la lame de fond déclenchée par André Breton et entreprend de créer des œuvres à partir de vieux clous ou de serpillières. Avec ces assemblages, il se fait sculpteur pour donner vie par exemple à une chèvre à partir d'un panier. Les trois danseurs ou encore le Minotaure marquent un tournant dans son œuvre qui s'affirme  par une violence et une tension intérieure pouvant aller jusqu'à la dislocation totale des formes comme dans l'Acrobate en 1930

Dès lors chacun de ses tableaux devient l'expression passionnée de ses états d'âme, de ses interrogations existentielles sur la naissance et la mort, l'amour, le sexe, la violence et la pitié. Picasso atteint sa pleine maturité.

En juillet 1936, la guerre civile commence à déchirer l'Espagne. Picasso, prend position contre le général Franco par attachement viscéral à la liberté. Après avoir multiplié les dons aux Républicains espagnols, il accepte de s'engager de façon plus symbolique en se lançant dans la réalisation d'une toile pour le pavillon espagnol de la future exposition universelle.

Le sujet de cette peinture s'impose de lui-même : le 26 avril 1937, l'aviation allemande a rasé la ville basque de Guernica, faisant 2 000 victimes civiles l'horreur explose dans la toile : forme déchirés, cris larmes corps désarticulés, tons gris, noirs, traversées d'éclairs jaunes et blancs. L'absence de couleurs évoque la mort des victimes du bombardement mais aussi celle de la civilisation !

Un peu plus d'un mois après, l'œuvre est achevée et prête à devenir le symbole universel de la dénonciation de la barbarie : «La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi» dira Pablo Picasso

Pendant la débâcle, Picasso s'enferme chez lui pour travailler à cette peinture qualifiée de «dégénérée» par le régime nazi qui lui interdit d'exposer mais le ménage en raison de sa célébrité.

Il continue de créer, comme cette célèbre tête de taureau née de l'assemblage d'une selle et d'un guidon trouvés dans la rue. À la Libération, il est fêté par ses amis comme par les anonymes qui voient en lui un symbole de ténacité contre l'adversité.

Peu de temps après la fin de la guerre, Picasso s'inscrit au Parti communiste français qui jouit du prestige né de ses actions de résistance. S'associant à son idéal de «progrès et de bonheur de l'homme», il y rejoint nombre d'intellectuels, dont ses amis Éluard et Aragon, mais n'hésite jamais à montrer sa différence.

En 1953, il fait de Staline un dessin aussitôt condamné par le Parti, qui eut préféré un portrait dans le goût du réalisme socialiste. Picasso choisit malgré tout de ne pas rompre avec ses amis, pour garder un lien avec le «peuple».

Pour le Congrès mondial de la paix, en 1949, il offre à l'organisation un dessin de colombe qui devient vite célèbre.  Paloma («colombe»), c'est aussi le prénom de la fille qu'il vient d'avoir avec sa nouvelle compagne, Françoise Gilot, déjà mère de son petit Claude.

Ensemble, ils se sont installés au soleil de Vallauris dont il fait sien l'amour de la céramique.

Mais c'est à Notre-Dame-de-Vie, à côté de Mougins, que celui que l'on célèbre comme «l'artiste du siècle» meurt le 8 avril 1973, à 91 ans.

Il laisse derrière lui pas moins de 30.000 œuvres !

Grand artiste, inventeur du cubisme, mais aussi citoyen en révolte, Pablo Picasso a profondément modifié notre vision de la réalité !

A la même époque, Albert Einstein, avait lui aussi une vision décalée de notre réalité physique !

mais c'est une autre histoire !

 

 

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