Darmanin devrait aller voir du côté de la Tunisie pour résoudre ses problèmes d'OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).
Le gouvernement tunisien a trouvé la solution pour se débarrasser de ses migrants encombrants, ces "OQTT" à lui.
Plutôt que de les renvoyer dans leur pays d'origine, comme tentent de le faire désespérément notre ministre de l'Intérieur, il est beaucoup plus simple de les renvoyer au fin fond du Sahara. Il s'agit plus que d'un abandon, c'est un véritable assassinat ! Seuls, au milieu du désert, ils agonisent terrassés par la faim et la déshydratation. Les photos des cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants ont été publiées, autant de preuves de pratiques d'élimination de réfugiés. On reste sans voix devant autant d'inhumanité. Mais comment peut-on prendre de telles décisions, condamnant les expulsés à une mort certaine ?
La Tunisie a mené une campagne massive d’arrestation et d’expulsion de migrants depuis la ville de Sfax, point de départ des candidats à l'exil vers l'Europe. Ils sont emmenés vers la région frontalière avec la Libye, et abandonnés dans une zone désertique, sans eau, ni nourriture, avec un soleil à en briser des pierres, selon les témoignages des exilés et des gardes-frontières. Il fait extrêmement chaud la journée, froid la nuit.
Ce sont au moins 1 200 ressortissants subsahariens selon l'ONG Human Rights Watch qui ont ainsi été abandonnées.
Depuis début juillet, au moins 25 corps ont été découverts, selon un bilan de sources humanitaires.
Une image a marqué les esprits : la photo de Fati Dossi, trente ans, et sa fille Marie, âgée de six ans. Elles sont mortes de soif, près de la frontière entre la Tunisie et la Libye. Le corps de la petite fille est recroquevillé, gisant dans le sable, elles sont blotties l'une contre l'autre. On peut voir cette photo sur le net. Par respect pour les deux victimes, je ne la publie pas. L’AFP a retrouvé le mari, Mbengue Nyimbilo Crepin, surnommé Pato. Ce migrant camerounais voulait scolariser sa fille dans une école "où l'on parle français" parce que la petite, "depuis qu'elle est née, n'a jamais été à l'école", raconte son papa.
Un sentiment de honte m'envahit tout à coup car ces expulsions collectives transfrontalières ordonnées par le gouvernement tunisien sont les effets directs et immédiats du protocole d'accord entre la Tunisie et l'Union européenne, c'est à dire en notre nom.
Ces choix politiques sont délibérés. L'UE conclut en effet des "accords avec des pays dits tiers" auxquels elle confie le contrôle des frontières dans le but de refouler à tout prix les migrants avant qu'ils ne débarquent en Europe. C'est déjà le cas avec la Turquie.
À tout prix, pourrait-on dire ! Sur terre donc mais aussi sur mer ! L'actualité récente recense de plus en plus de disparitions massives en mer. Rien que depuis le 4 août, dans au moins cinq naufrages connus sur les côtes tunisiennes et au large de Lampedusa, plus d'une centaine de personnes (environ 160) ont disparu. Dernièrement, c'est dans la Manche que s'est encore produit un naufrage mortel !
Sur terre et en mer, dans tout le bassin migratoire méditerranéen et atlantique jusqu'aux Canaries, se commettent des crimes qui ne sont plus invisibles.
Peut-on parler de crimes intentionnels ? Assurément car ils sont bien le résultat de choix politiques précis, mais que l'on cache derrière le récit de la soi-disant "lutte contre les passeurs et les trafiquants".
Pour revenir à Darmanin et à ses propres OQTF, dans quel territoire français pourrait-il abandonner ses réfugiés en attente d'expulsion ? L'Angleterre les parque dans un bateau-prison (voir « Coup de Gueule » du 24 Juillet) et se prépare également à les envoyer au Rwanda.
Alors, comme nous n'avons plus de désert français pour les abandonner, peut-être lui conseiller la forêt guyanaise, elle est suffisamment dangereuse pour ne pas les voir revenir vivants !