Septembre 1973, la contre révolution chilienne semble avoir condamné tout espoir de changement. Avril 1974, la révolution portugaise éclate. La roue de l’histoire tourne vite.

Été 1974, j’ai 19 ans, je me prépare à partir pour soutenir la révolution portugaise. Nous sommes 2 garçons et deux filles à nous serrer dans une 4 L. Direction le Portugal où une révolution fait naître les espoirs les plus fou.

Du matériel de sérigraphie destiné à nos camarades de la Ligue communiste internationaliste portugaise est caché dans les portes de la 4 L, il doit leur servir à fabriquer des affiches.

Avant d’arriver au Portugal, il faut traverser l’Espagne franquiste et surtout ne pas se faire repérer. C’est pour ça que nous avons choisi de partir déguisés en couple de touristes amourachés.

L’arrivée au Portugal est un électrochoc, traverser un pays en révolution reste un moment inoubliable. Il y a partout des slogans peints sur les murs et les routes, des fresques, des drapeaux, des banderoles, des manifestations et partout du monde. Des gens qui se parlent, se trouvent, se retrouvent.

Ce même voyage initiatique nous sommes des milliers à l’avoir fait dans toute l’Europe. Cet été 1974, le Portugal, c’est l’endroit où il faut être. Ce que nous découvrons là-bas nous marquera à jamais.

Mais que s’est-il passé en avril 1974 au Portugal ?

Avant le 25 avril 1974, l’Europe commençait à la frontière espagnole, les dictatures les plus vieilles du continent, nées de la défaite des années 1930, restaient isolées au-delà des Pyrénées. Aussitôt après le 25 avril, et peu après en Espagne, tout change et l’avenir commence désormais à Lisbonne.

La révolution portugaise constitue un exemple pour les peuples du monde. Les images des soldats brandissant des fusils ornés d’œillets nourrissent l’imaginaire de milliers de jeunes révolutionnaires.

La révolution portugaise, c’est bien sûr des images de jeunes conscrits qui refusent de partir à la guerre mais c’est aussi des citoyens :

  • Qui ont exigé de décider où devait se trouver la crèche de leurs enfants,
  • D’avoir un regard sur les comptes des entreprises,
  • Qui ont géré les conseils de direction,
  • Qui ont appris la signification de la démocratie directe, une démocratie de proximité, un vote à main levée,
  • Qui ont crée des commissions de quartier, des comités de lutte, des commissions ouvrières, des assemblées de soldats, de travailleurs et d’étudiants, des comités d’occupation des terres.

Ils n’ont pas tout changé, mais le fait d’avoir fait la révolution les a à jamais changé.

Si la révolution n’a pas durablement changé les rapports de production elle a profondément changé le Portugal.

Les travailleurs portugais ont créé des formes de contrôle ouvrier et de double pouvoir à une échelle rarement vue.

Au travers d’une chronologie exclusivement centrée sur les grèves, les manifestations et les occupations d’usines, d’entreprises, d’immeubles, je vous propose de revivre la révolution portugaise comme si vous y étiez, de vous imprégner de cette séquence où d’avril 1974 à novembre 1975 les ordres ont cessé d’être des ordres pour devenir des décisions collectives concernant la manière dont la société devait vivre.

Pendant ce mois d’avril 2024, en hommage aux cinquante ans de la révolution portugaise, je vous propose de reprendre la route pour le Portugal, de revisiter les temps forts de cette séquence révolutionnaire.

Chaque semaine d’avril sur EVAB, un article sera consacré aux expériences collectives qui ont fait trembler l’ordre capitaliste.

Un autre monde est possible !

 

 

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies nous permettant par exemple de réaliser des statistiques de visites.