« S’il doit y avoir une guerre civile, qu’elle ait lieu ! »

Il Fascio, organe des Faisceaux milanais, titre en pleine page, 16 octobre 1920

Quelques mois plus tôt, les fascistes étaient l’objet du mépris de tous, qualifiés de bandits, de tueurs, ou de vendus. Mais aujourd’hui nombre de ceux qui les ont raillés hier commencent à trembler.

Lors de la réunion du 10 octobre Mussolini a convaincu le conseil national des Faisceaux de combat de ne pas se présenter aux élections municipales.

Le fascisme n’est pas un rassemblement d’hommes politiques, mais de guerriers. Voilà pourquoi, le soir du 16 octobre son fondateur a rencontré le préfet de Milan. Il lui a assuré que : « Les Faisceaux s’opposeraient par tous les moyens possibles à la ruine de l’Italie souhaitée par les bolchéviques ». Il a souligné intentionnellement, « par tous les moyens possibles ». Satisfait le préfet de Milan à informé le Président du conseil Italien Giolitti.

Les Fascistes ont définitivement pris le parti de l’Etat libéral, si méprisé, ils lancent l’assaut des rouges.

A Trieste les Faisceaux ont incendié le siège du Lavoratore sans rencontrer de résistance de la part du cordon de douaniers défendant le journal ; à San Giovanni Rotondo, les carabiniers ont ouvert le feu contre les socialistes, que les fascistes affrontaient devant la mairie (onze morts et quarante blessés).

En l’espace de vingt-quatre heures, une vingtaine de morts et environ soixante-dix blessés de Trieste jusqu’aux Pouilles, de l’aube jusqu’au crépuscule.

Au cours des heures suivantes, alors que les résultats annonçaient le triomphe des socialistes aux élections municipales, on apprenait que de nouveaux Faisceaux se constituaient dans les provinces les plus rouges, à Ferrare, Bologne, Rovigo. Tous écrivaient au Comité central de Milan, réclamant des armes ou de l’argent pour en acheter.

Les fondateurs étaient des gens nouveaux, représentants de la classe moyenne. Pourtant ils ne sont pas différents des précédents, rancuniers, éclectiques, apeurés, antisocialistes.

Des fils de la guerre, mécontents de tout, remplis de ressentiments à l’égard des rouges, des libéraux et des planqués.

Mussolini sait qu’il peut surfer sur cette vague.

 

( Extraits de lecture du livre d’Antonio Scurati ‘’ M l’enfant du siècle ‘’ aux éditions Les Arènes )

 

Chaque mardi en exclusivité sur EVAB, vous avez rendez-vous avec la série ‘’M’’ qui va vous faire revivre les évènements qui ont fondé le fascisme en Italie, au siècle dernier.