"Chère Marine, je t’adresse une lettre pour gagner la présidentielle. Ne prends pas mal ces quelques pages, elles sont peut-être rudes mais sincères. Je veux simplement te dire ce que je pense . . ."
Trumpinou referme le fascicule où sont écrites en quatrième de couverture ces quelques lignes qu’il adresse à Marine Le Pen. Il est satisfait. Il est souvent satisfait de lui-même mais là il est particulièrement satisfait. Comme dirait Trumpinette il frise la béatitude.
Depuis qu’il est tout petit Trumpinou adore écrire des petits livres et il adore donner des conseils aux autres. Là, il vient de faire les deux, c’est le nirvana complet.
Dans ces moments-là Trumpinou se sent important. C’est comme si le monde tournait autour de lui. Quand l’émotion est trop forte il perd l’équilibre, il se raccroche hagard à Trumpinette qui lui dit gentiment : « Ce n’est rien, mon chéri, ça va passer ». Face à la sollicitude de son âme sœur Trumpinou bafouille un : « Oh non ! ». Et là, toujours bien intentionnée, Trumpinette rajoute en lui épongeant les tempes : « Un jour tu seras le maître du monde ».
Être le maître du monde, faire et défaire les présidents c’est le graal de Trumpinou. Cette quête l’anime depuis des années. Pour lui, Marine est un gibier de choix.
Ça fait des années qu’il tente de devenir son éminence grise. Pour ça il a tout essayé, la gentillesse, les menaces, la moquerie. Rien n’a marché ! Il faut dire que question éminences grises Marine a toute la famille Le Pen sur le dos. Elle ne va pas en plus s’encombrer d’un arriviste.
Trumpinette a bien essayé de dire à sa moitié qu’il se trompait. Mais il n’a pas aimé, il lui a même reproché d’être jalouse.
Là, cette fois-ci, avec son petit livre Trumpinou est sûr d’avoir trouvé l’angle d’attaque. Il fait le sage, l’homme politique qui prend de la hauteur et qui distille amicalement ses conseils.
Cette nouvelle posture lui plaît beaucoup. Il se rend compte qu’il adore faire le sage. Le problème avec Trumpinou c’est qu’il aime les postures mais qu’il ne tient pas la pose.
Là par exemple il a craqué. Il a dit du mal de la famille de Marine et de son entourage. Des trucs pas très sages sans beaucoup de hauteur. Du style que sa famille était un boulet et que son entourage était une machine à perdre.
Trumpinette a essayé un timide : « C'est peut-être maladroit d’écrire tout ça ? ». Il ne lui a pas laissé finir sa phrase, avec un : « De quoi je me mêle ? » Trumpinette comme toujours n’a pas insisté, elle l’aime, elle l’adore, comme disait France Gall de la groupie du pianiste.
Pourtant Trumpinette n’a pas tort. Franchement, vous apprenez par la presse ou par la télé que votre supposé meilleur ami vous prodigue des conseils en public du style :
- Quitte ta femme et tu iras mieux
- Tes enfants sont des boulets, tu devrais les abandonner
- Tu fais un boulot de merde, tu devrais démissionner
- Tes collègues sont tous des enfoirés,
- Prends-moi comme coach et tu iras mieux . . .
Vous le prenez mal et vous vous fâchez.
Eh bien dans le monde de Trumpinou non !
On s'invite même à dîner pour parler en privé de reproches étalés précédemment dans les médias.
Normalement entre gens de bonne volonté on discute pour vérifier points d'accords et de désaccords et puis on communique le résultat.
À l'extrême droite c'est l'inverse !
Et puis franchement ça ne vous semble pas louches les conseils que prodigue Trumpinou à Marine ?
- Virer sa famille et ses amis de toujours,
- Exiger la vaccination pour tous,
- Demander l’extension du passe sanitaire pour toute la durée de son mandat,
- Supprimer les 35 heures et rallonger le départ à la retraite à 67 ans,
- Autoriser les licenciements des fonctionnaires et instaurer les CDD à perpétuité . . .
C’est à se demander s’il veut vraiment qu’elle gagne l’élection présidentielle ou s’il roule pour quelqu’un d’autre ?