2 août 2021. Le journal Libération publie un article sur un testing de SOS Racisme à la Grande Motte, afin de « vérifier s'il n'y avait pas de discrimination à l’entrée des boîtes de nuit », indique Meddy Nedir (SOS Racisme de Béziers). Ceux qui pensaient que ce genre de "pratique" était de l'histoire ancienne, peuvent ranger cette idée bien au fond du tiroir, c'est malheureusement toujours d'actualité.
Le journal livre quelques témoignages : « C’était la honte, on nous a signifié devant tout le monde qu’on ne voulait pas de nous ici (...) On était les seuls "renois" [noirs, Ndlr] dans la file d’attente. Les autres doivent le savoir : ils ne viennent pas, comme si c’était la boîte des blancs. ». Meddy Nedir, lui-même a subi cette discrimination : « Le vigile nous a dit que ce n’était pas possible parce que c’était complet. [...] J’ai rappelé que des gens étaient sortis. Il m’a répondu que ces personnes allaient revenir ! » Ce ne fut pas le cas, et quelques minutes après, comme l'indique Libération, un autre « groupe de "blancs" estentré facilement ». Des poursuites seront engagées contre ceux qui seront reconnus coupable de discrimination. Une chose est sûre c’est que cette pratique est récurrente et les sanctions trop peu appliquées.
7 août. Il y a eu 108 nouvelles manifestations anti passe sanitaire totalisant 237 000 personnes dans toute la France selon le ministère de l’Intérieur. À noter que même le chiffre de la police montre une augmentation du nombre de manifestants alors que nous sommes en période estivale… Pas loin de 10 000 personnes à Montpellier et plus de 400 à Béziers. De nouveau l’extrême droite tente la récupération comme à Metz où Cassandre Fristot, ex-chef de cabinet de Louis Aliot (pendant 2 mois) et ex- cadre FN avant de rejoindre le Parti de la France de Philippot en 2013, défilait portant une pancarte « Mais qui ? », référence explicite à l’interview de Dominique Delawarde, signataire de la tribune des généraux, qui s’était livré à une diatribe antisémite. La réponse apportée sur la pancarte est une liste de dits responsables dont la plupart des noms sont juifs. À Sallanches (74), Jean-Yves Le Gallou, ancien du GRECE et ancien responsable du FN expliquait en juillet 2021 « Ce n’est pas la peste […] Tout au plus le coronavirus est-il une maladie infectieuse de plus qui a pris en partie la place de la grippe, des infections pulmonaires classiques et des gastro-entérites ». Dans l’Aisne, le « Tous ensemble » défendu par les manifestants anti-pass sanitaire un peu partout, amène un dirigeant de la CGT à tenir le parapluie aux différents intervenants dont Nicolas Dragon responsable local du RN et conseiller municipal (ambiance). À Toulon, où la préfecture annonce 19 000 manifestants, Damien Guttierez, ancien infirmier militaire mais aussi ex-élu départemental du RN, désormais sans étiquette a pris la parole : « La France a perdu une bataille avec la promulgation de cette loi, mais elle n’a pas perdu la guerre. Résistance ! », hurle-t-il, devant la foule. L’autre figure du mouvement s’appelle Alexandre Juving-Brunet. Ex-capitaine de gendarmerie et habitué des forums d’extrême droite sur Internet, il était troisième sur une liste lancée par le maire d’Orange, Jacques Bompard, dans le but de promouvoir la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle. Il a défilé derrière une banderole « Sauvons le peuple, sauvons la France », signée Comité de salut public. Il faut quand même remarquer que depuis le début de la contestation, il y a eu plusieurs dégradations de centres de vaccinations. Certains centres ont même été recouverts d’étoiles de David, d’autres de la croix celtique ou de la croix de Lorraine et presque tous avec cette idée confusionniste et complotiste « Non au nouveau génocide ».
8 août. Malgré les vacances, 30 à 40 personnes se sont réunies à Béziers en hommage à la mémoire de Mohamed Gabsi tué par la police municipale en avril 2020. La sœur du défunt, Houda Gabsi, a révélé que d’après le juge d’instruction le procès des trois policiers municipaux, déjà mis en examen et sous contrôle judiciaire, se tiendrait d’ici huit à dix mois. Selon de récentes informations, deux de ces trois policiers travailleraient encore au service de la vidéosurveillance de la sécurité publique. Pour mémoire, l’autopsie pratiquée sur Mohamed Gabsi évoque une « asphyxie » provoquée par « un appui maintenu avec une force certaine » d’un « genou, coude ou poing ». Sur une vidéo amateur, on entend distinctement Mohamed Gabsi crier « À l’aide, ils veulent me tuer ! » et deux témoignages concordants, versés au dossier, font état de la réponse du policier : « Ferme ta gueule, je vais te faire dormir ».
10 août. Dans sa volonté de tout contrôler (avec l’argent des contribuables), la ville de Béziers vient d’acheter le club de rugby de Béziers ASBH. Nous savons maintenant dans quel but a été créé en janvier dernier Béziers sports développement, Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Elle a donc permis à la mairie de racheter pour 1 euro symbolique les actions du club détenues jusqu’alors par la société Passion Ovalie (68,89% du total des actions). La SCIC peut maintenant encaisser directement l’argent des ventes des brasseries, buvettes et loges du stade. La ville aura sa part. Au cours de son allocution, le maire a expliqué qu’il subventionnait le club chaque année à hauteur d’environ 1 million d’euros et donc qu’il « trouvait anormal qu’une ville qui donne autant d’argent n’ait pas le droit de regard sur le club » voulant faire ainsi oublier qu’il était déjà au Comité de surveillance. Le Président du directoire, Jean-Michel Vidal, confirme d’ailleurs que la ville a nommé Arthur Bachès (chef de cabinet du maire) comme « référent » pour représenter la ville au sein de l’ASBH et participer à la gestion du club. En attendant, cette gestion est toujours aussi opaque. On ne connaît pas les conditions de la liquidation de Passion Ovalie et du rachat par la ville et nous attendons toujours le résultat de l’audit commandé par la ville et réalisé il y a près de 2 ans.
11 août. La Féria de Béziers commence par une messe aux Arènes. Les Ménard ceints de leur écharpe tricolore y assistent aux premières loges. Rarement on a vu des représentants de la République (laïque) prier dans une messe. Une volonté délibérée et une insulte à notre Constitution basée sur la séparation de l’Église et de l’État.
13 août. À l’occasion de cette féria, plus d’une centaine de personnes se sont réunies pour demander la fin des corridas et de « la souffrance animale [...] érigée en spectacle ». Ce jour-là le maire a exhorté ses partisans à se rendre à la corrida « rien que pour être fidèle aux traditions locales et faire la nique aux anti-corridas qui n'ont qu'à "aller [se] faire foutre ». D’ailleurs Robert Ménard a décidé d’imposer une nouvelle tradition : « il y aura La Marseillaise au début de chaque corrida ».
14 août. Nouvelles manifestations contre le passe sanitaire dans 217 villes de France. Selon le décompte de la police, il y avait 215 000 personnes (400 000 selon les manifestants) bien qu' un très grand nombre de français fussent sur les routes ou en vacances. À Montpellier malgré la chaleur, ils étaient 7 500 personnes (pas loin de 20 000 selon les manifestants). À Metz ils étaient 4 000 personnes et certains défilaient avec des drapeaux royalistes et des pancartes « Mais qui ? » ou « Nous sommes tous des Cassandre » ? Ce dernier slogan fait référence à Cassandre Fristot inculpée pour propagande antisémite. On signale également qu’une chaîne YouTube d’extrême droite a interrogé des participants à des rassemblements anti-pass sanitaire à propos des pancartes Qui ? Les réponses ont évoqué l’idée de « cette communauté très organisée » : « Il serait temps qu’ils fassent leurs valises. », « même en dehors de la France, ils arrivent à nous chapeauter », « Ils nous considèrent comme des bêtes, c’est écrit dans le Talmud et ils veulent nous métisser avec des inférieurs. », « Ils auraient mieux valu qu’ils n’existent pas ! ». À Albi une pancarte expliquait « T’inquiète Cassandre, en France, on laisse en liberté des clandestins pyromanes ». Dans d’autres villes on pouvait lire « Prochaine étape, une rafle des non-vaccinés », « Non au pass-nazitaire ». Depuis la fin du mois de juin, ces comparaisons avec le sort réservé aux juifs lors de la Seconde Guerre mondiale comme les tags retrouvés dans des centres de vaccination ou ceux contre la stèle érigée en l’honneur de l’ancienne ministre Simone Veil (déportée à Auschwitz à 16 ans et à l’initiative de la loi sur l’IVG), dégradée deux fois, dans les Côtes-d’Armor se développent. Elles entraînent, a minima le confusionnisme, au pire le négationnisme.
Un sondage IFOP publié en juillet 2021 relève que 38% des électeurs du RN ne sont pas vaccinés contre 26% dans le reste de population adulte. L’électorat du RN fait donc moins confiance à la vaccination que le reste de la population. Mais le RN est resté très en retrait sur ces mobilisations tout en dénonçant le passe sanitaire. On raille volontiers le fait que l’ex FN, Florian Philippot, récupère les personnalités écartées du parti pour leurs positions trop extrémistes. Pourtant Sami Hamadouche, candidat aux élections régionales et départementales sur la liste RN d’Andréa Kotarac, a dénoncé en tant que « juif » un médecin intervenant sur le Covid. Le 11 août il a écrit : « Macron est un pantin dirigé par… QUI ? ». « Et je vous demande QUI est responsable de la limitation de la liberté d’expression et de nos droits individuels ? QUI ».
De leur côté, les maires RN (de Fréjus, Hayange, Beaucaire) refusent de demander à leurs polices municipales de contrôler le passe sanitaire en terrasse. Même chose pour Robert Ménard : « Vous pensez que je vais envoyer la police municipale vérifier que sur quatre personnes qui sont là il y en a une par hasard qui n’a pas son passe sanitaire ? Ça ne tient pas debout », même s’il précise qu'il est "pour le passe sanitaire". Mais des voix se font entendre pour ne plus participer à ces manifestations : À Valence, des militants d’Action collective antifasciste ont décidé « que les conditions actuelles ne permettent pas de participer à ce mouvement de contestation ». Pour eux, « Ce mouvement s’est constitué autour de revendications au mieux individualistes (liberté de consommer au détriment de la santé des plus fragiles) et au pire confusionnistes (complotisme anti-vaccination, antisémitisme, etc). On y trouve donc de tout et surtout du n’importe quoi » Même chose pour l’action antifasciste de Mulhouse qui a décidé de ne plus manifester aux côtés de l’extrême droite royaliste. Ils étaient venus avec une pancarte « Contre le passe sanitaire, contre les fachos » À Toulouse un groupe d’identitaires a voulu virer de la manifestation, des militants de gauche. Certains ont même été poursuivis par des manifestants alors qu’au même moment l’Action Française se promenait tranquillement dans le défilé !
21 août. Sixième samedi de manifestations anti-passe sanitaire dans toute la France. Ils étaient un peu moins nombreux, 175 000 manifestants, selon la police, mais plus de 300 000 selon des décomptes indépendants.
À Paris, il y avait 15 000 manifestants et un rassemblement important a été organisé par Florian Philippot (Parti de la France). À Perpignan, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le centre-ville. Certains manifestants s’en sont pris aux médias, notamment devant le siège du journal L'Indépendant. À Béziers il y avait 200 à 300 manifestants, une centaine à Bédarieux, une centaine à Sète et un cortège important également à Pézenas. Mais c’est à Montpellier que la manifestation anti passe sanitaire était la plus importante. Elle a réuni près de 9 000 personnes mais de violents affrontements ont eu lieu entre militants antifascistes et les identitaires de la Ligue du Midi. Selon France Bleu Hérault, plusieurs personnes ont été blessées par des coups et des jets de projectiles. En fait, la Ligue du Midi voulait prendre la tête de la manifestation mais ils ont été virés. D’autres groupuscules locaux comme les Jeunesses Saint Roch sont apparus également dans le cortège et encore plus discrètement l’Action Française. Le journal en ligne Le Poing révèle la stratégie de ces néo-nazis contre les antifascistes : « Les antifas n’ont jamais été que les nègres de la boîte de nuit tenue par les juifs qu’on appelle la République ». « Si vous êtes du Sud de la France et que vous voulez agir, ne cherchez aucune autre ville pour manifester ce weekend : allez à Montpellier. […] et dotez-vous d’un maximum de drapeaux tricolores, rien d’autre. ». Enfin, signalons qu’à Tours, un groupuscule d’extrême droite Des Tours et des Lys s’en sont pris à des gilets jaunes et des syndicalistes. Ils ont été repoussés mais deux militants, dont un de Sud santé, ont été sérieusement blessés
26 août. Alors que des « bruits de couloirs » de plus en plus présents se font entendre sur une éventuelle candidature d’Éric Zemmour aux élections présidentielles de 2022, Robert Ménard annonce avoir reçu une demande de parrainage de « son copain Éric » mais pour lui « Un polémiste ne fait pas un homme politique. Un agitateur, ça ne fait pas un homme politique ». Étonnante déclaration lorsque l’on sait qu’en matière de provocations (de polémiques ou d’agitation), le maire de Béziers n’est pas le dernier… Après avoir soutenu son ami « Éric » contre Marine Le Pen, il y a encore peu de temps, il semble pencher (du moins pour l’instant) en faveur de la dirigeante du RN.
28 août. La baisse de mobilisation “constatée” par le ministère de l’Intérieur et relayée sans recul dans les grands médias de masse nous paraît bien relative : 166 000 manifestants sur plus de 200 lieux de rassemblements, contre 175 000 la semaine précédente. Du côté du comptage indépendant, on décompte près de 320 000 personnes dans les rues, contre environ 350 000 la semaine dernière. Dans l’Hérault, il y a eu un cortège à Bédarieux, à Pézenas où le mouvement s’est encore renforcé, à Béziers (plus de 400) et à Sète (une centaine). Et sur Montpellier, la mobilisation ne faiblit pas : des milliers de personnes (9 500) se sont retrouvées sous le soleil du mois d’août. Les antifascistes et des médias indépendants ont permis l’expulsion de l’extrême droite la plus violente et la mise à l’écart de celui qui se positionnait comme le leader du mouvement. La proximité de « l’apolitique » Derouch avec la Ligue du Midi était trop évidente. Notons une forte préoccupation pour la question de la vaccination des enfants. Une intervention d’un musicien saluant ceux qui ont expulsé la Ligue du Midi a été chaleureusement applaudie. Cela dit, il restait à l’écart un groupe d’une vingtaine de personnes armées de gants, visant à blesser, et arborant un drapeau bourguignon avec l’abject slogan antisémite “Qui?”. Ils ont été virés de la manifestation un peu plus tard. Un journaliste du Poing a été légèrement blessé dans sa tentative de filmer l’évènement.