L’ex-Languedoc-Roussillon connaît un premier défi de taille avec la sécheresse. Il en connaît un second avec la salinisation des sols.
Toutes les embouchures de rivières et deltas de fleuves connaissent cette même problématique.
La sécheresse entraîne mécaniquement des remontées salines à l’intérieur des terres. Le seul moyen de lutter contre ce phénomène naturel est l’irrigation forcée des terres concernées.
Nous avons déjà consacré un article à ce problème dans l’embouchure de l’Orb dans le Biterrois.
Aujourd’hui nous partons un peu plus loin dans la Camargue gardoise.
En Camargue le phénomène est ancien, il date du début des années 2000. L’an dernier 500 hectares de vignes ont été détruits par le sel et 40 % des vignes ont disparu.
Dans ce contexte d’urgence élus et acteurs concernés tentent de conjurer la menace.
La solution préconisée par les Voies Navigables de France (VNF) consiste à amener de l’eau douce via le canal du Rhône à Sète.
20 éclusages par jour, en plus de ceux gérés par la navigation, transportent chaque mois 450 000 m3 d’eau douce.
L’objectif pour désaliniser est d’apporter des millions de mètres cubes d’eau douce vers la Camargue gardoise.
L’eau est pompée directement dans le petit Rhône, via des stations de pompage et des réseaux enterrés. Elle inonde aussi des parcelles de riz dont il ne reste que 11 000 hectares aujourd’hui.
Reste un problème : selon une étude de l’agence de l’eau, le débit du Rhône devrait baisser de près de 25 % d’ici à 2025.
Parallèlement, Delga et Béchu veulent eux aussi pomper dans le Rhône pour doubler le canal du Bas-Rhône-Languedoc (BRL) et prolonger l’Aqua Domitia jusque dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales.
Ici comme partout ailleurs, il n’y aura pas assez de ressource hydrique pour tous ces projets court-termistes. Plutôt que d’entretenir l’illusion du faire comme avant la sécheresse et le changement climatique il conviendrait de prendre la mesure des défis de l’heure et d’organiser les mutations nécessaires.