C'est à une véritable pandémie qu'on assiste dans la société française. Une pandémie dont le symptôme le plus significatif est la haine des étrangers ! Les comités scientifiques et les laboratoires pharmaceutiques ne se précipitent pas pour trouver un vaccin. Pourtant cette maladie est responsable de millions de morts dans le passé.
Depuis des années, loi après loi, les droits des étrangers en France ne cessent de se réduire au point qu'à ce rythme, ils n'en auront bientôt plus aucun ! Pour un pays qui se réclame encore comme étant la patrie des droits de l'homme, ça la fout mal !
Et pourtant, la dernière loi sur l'immigration est un exemple de cette lente dérive sécuritaire qui fait de l'étranger le responsable désigné de tous les maux de la société. Il ne fait pas bon être étranger aujourd'hui en France. Et ce sujet, c'est le joujou préféré de l'extrême droite. Elle attise le feu qui couve, alimente le foyer, l'arrose d'essence en pompier pyromane calculateur. Et tout est bon pour en rajouter car ils en rêvent d'exclure, de discriminer, de rejeter les personnes étrangères au nom d'une xénophobie et d'un racisme puant inacceptable, qui ne disent pas leur nom, punis pourtant par la loi !
Et si ce n'était que la fachosphère qui s'en délecte ! Jusqu'où ira-t-on pour complaire à l'extrême droite de la part de la droite LR et des macronistes ? Comment Emmanuel Macron a-t-il pu oser évoquer la fin du droit du sol ? Même si pour l'instant il ne parle que de Mayotte, on comprend vite que cette remise en cause d'un droit qui date de 1889, d'aucun la réclameront pour d'autres départements d'outre mer puis tout naturellement pour la métropole.
Après sa tentative d'instaurer une dose de préférence nationale, et pour être sûr de ne pas être retoqué par le Conseil Constitutionnel, Macron nous propose même de changer la Constitution : exactement ce que demande le Rassemblement National !
Le président Macron, garant des valeurs de la République, est donc prêt à mettre en cause deux de nos principes fondamentaux : l'indivisibilité de la République et l'égalité des citoyennes et citoyens. Excusez du peu !
Car la France ce n'est pas seulement un "territoire", ce sont aussi des principes et notamment des principes républicains dont celui du droit du sol qui nous oppose à tous les pays qui ont des conceptions ethniques de la Nation. Cette annonce, car il ne s'agit pour l'instant que d'une annonce, renvoie l'image que Mayotte n'est pas tout à fait un territoire français qui répond aux mêmes principes que les autres.
Rappelons le Code Civil en vigueur :
Il prévoit qu’est français à la naissance tout enfant dont au moins un des parents est français (c’est le « droit du sang »), ainsi que tout enfant né en France dont au moins un des parents est né en France.
Il dispose également que la nationalité est attribuée à la majorité à tout enfant né en France de deux parents étrangers (c’est le « droit du sol »), à condition qu’il réside en France à la date de ses 18 ans et qu’il y ait eu sa résidence habituelle pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans.
Ce qui se passe à Mayotte est grave. L'insécurité, les barrages nocturnes, les caillassages, les écoles surchargées attisent la colère. Mais la réponse au problème de cette île française est-il la limitation de l'obtention de la nationalité ? A Mayotte, le droit du sol a déjà fait l'objet d'une limitation en 2018. On voit le résultat aujourd'hui. Revoir le droit du sol ne règlera pas le problème bien plus complexe qu'une simple décision administrative.
Mayotte deviendra-t-il un territoire pas tout à fait français ? Le droit de la métropole pourrait ne pas s'appliquer demain aux outre-mer ? C'est un véritable retour vers un régime colonial !
Ne nous y trompons pas, le véritable objectif est de limiter au maximum l'immigration. Car la question de l'immigration a envahi celui de la nationalité en privilégiant la filiation, soit le droit du sang pour la transmettre. Marine le Pen voit petit à petit son programme s'appliquer, on se demande ce qui lui restera si elle arrive au pouvoir.
Revenons à notre pandémie ! Seule la mobilisation citoyenne et le retour aux principes fondamentaux qui constituent notre république seront un vaccin suffisamment puissant pour éradiquer la bête immonde, ce virus que tentent de réveiller les plus rétrogrades de nos contemporains.
Version audio diffusée sur Radio Pays d'Hérault