L’autoroute A 45 était un projet d’autoroute payant entre Saint-Étienne et Lyon. Lancé en 1993 ce grand projet inutile a été abandonné en 2018. Par plusieurs aspects le projet inutile de l’A 45 dans le Rhône, c’est le grand frère de l’A 69 dans le Tarn.
Une amorce de tronçon autoroutier payant est déclarée d’utilité publique en 1962, mais c’est en 1993 que sont engagées les premières études de faisabilité.
Comme toujours dans ce genre de dossier la répartition du financement entre État, région et départements (deux sont concernés) suscite d’âpres négociations qui retardent le lancement du projet.
Le projet de l’A 45 prend un coup de « boost » le 17 juillet 2008, après le grenelle de l’environnement, lorsque le ministre de l’Écologie de l’époque Jean Louis Borloo le déclare d’utilité publique.
Le 16 novembre 2011, le département de la Loire et la communauté de communes de Saint-Étienne confirment leur accord pour financer.
L’appel à candidature pour exploiter l’A 45 est passé le 25 avril 2012 en fin de quinquennat Hollande.
Dès lors, ce qui va devenir le serpent de mer de ce dossier : le financement du manque à gagner pour le concessionnaire apparaît publiquement.
En 2015, la société « Vinci Autoroutes » est choisie pour construire et exploiter l’ A 45 pendant 55 ans.
Les prévisions de trafic ne couvrent pas les frais d’exploitation (ce qui est un comble pour décider de construire une autoroute neuve payante et doubler une autoroute gratuite existante).
Vinci, chiffre le manque à gagner entre 930 et 1065 millions d’Euros (valeur 2005) et demande des subventions publiques pour couvrir « ses pertes ».
Le 20 avril 2016, le secrétaire d’État des transports Alain Vidalies annonce la mise en service de l’autoroute en 2022.
Le coût est évalué à 1,2 milliard d’euros, Vinci bénéficiera d’une « subvention d’équilibre payée par l’État et les collectivités locales » de 845 millions d’euros pour couvrir ses frais.
À partir du printemps 2016 une opposition citoyenne qui rassemble, habitants, riverains, paysans et élus s’organise.
L’A 45 détruirait en effet 500 hectares de terres agricoles cultivées et menacerait l’existence et la viabilité de 375 fermes.
Le 18 juin 2016, une manifestation est organisée à Saint-Etienne.
Le 18 septembre 2016, une fête des opposants est organisée à Mornant sur la ferme du Mornantais qui serait coupée en deux par l’autoroute.
Les 1 et 2 juillet 2017, 10 000 personnes et 130 tracteurs se réunissent à Saint-Maurice sur Dargoire.
En 2017, 2018 et 2019 plus de 40 associations se mobilisent pour créer des vélo routes dans la vallée du Gier.
En février 2018, le conseil d’orientation des infrastructures propose au gouvernement de suspendre le projet.
Le 17 octobre 2018, la ministre des Transports, Élisabeth Borne, déclare l’abandon du projet.
Le 15 novembre 2018, la fête des victoires est organisée par les opposants
L’autoroute A 45, c’était :
- Le doublement de l’A 47,
- Le triplement autoroutier avec l’A 89 et l’A 72,
- Une rente à vie pour Vinci,
- La destruction d’un des derniers poumons verts de l’agglomération Lyonnaise,
- La fin de 500 hectares de terres agricoles cultivées,
- La mort programmée de 375 exploitations agricoles,
- L’abandon ou la mise en sommeil des transports collectifs,
- La fin de la réhabilitation de l’A 47 existante.
L’autre particularité de ce dossier c’est le rôle joué par Wauquiez, le président de région.
Comme sa consœur, Delga, en Occitanie avec l’A 69, Wauquiez a tout fait pour que ce projet se réalise.
Par bien des aspects ces deux grands projets inutiles sont très ressemblants.
Il reste dans le Tarn – comme on y est parvenu dans le Rhône - à faire capoter l’A 69.