C’est Noël nous sommes en 2015, le petit Jésus, sa maman et son papa viennent se réfugier à Béziers au lieu d’aller à Bethléem. Ils sont reçus par un maire qui, ceint de son écharpe tricolore, leur dit : « Vous n’êtes pas les bienvenus ».

La scène, filmée à la demande du maire, tourne en boucle sur toutes les chaînes d’information.

Le message n’est même pas subliminal, il dit : « vous n’êtes pas les bienvenus dans une commune qui n’est pas la vôtre ».

Le maire aurait pu rajouter « retournez chez vous » il n’a même pas eu à le formuler tellement le sous-entendu était explicite.

La posture du maire est martiale, elle vise à dire que sa commune ne sera pas envahie par des étrangers.

Pour signifier sa sentence, le maire est rentré dans un appartement légalement occupé.

Il a frappé et on lui a ouvert. Je revois la tête atterrée du prisonnier de cette mise en scène dont il est otage.

Le maire profite de l’effet de surprise, son intrusion est marquée par le sceau de la légalité républicaine. Elle assoit son pouvoir et son autorité contre une personne qui n’est rien, même pas un justiciable.

D’un côté il y a l’ordre, de l’autre il y a le désordre. Le représentant de l’ordre est imbu de sa puissance. Le représentant du désordre est totalement déshumanisé.

Face à la puissance publique, il devient un moins que rien, un résidu, une anomalie, une tache.

La mise en scène est terrible, honteuse, je me demande toujours, des années après, comment cette scène n’a pas été censurée. Comment des médias nationaux ont-ils pu la faire tourner en boucle ?

Ce jour-là, je me suis dit que quelqu’un qui montait un tel scénario n’avait pas de limite.

Qu’il y avait une forme de jouissance à être dans la toute-puissance.

Aujourd’hui, le même maire promène une crèche à roulette déshumanisée dans sa mairie.

Les santons, même quand ils sont arabes, c’est mieux que des migrants vivants.

Si le maire de Béziers avait été élu à Bethléem, il n’y aurait pas eu de Jésus, de religion catholique, de chrétiens.

Le maire de Béziers aurait empêché la religion dont il se réclame de naître.

La crèche à roulettes de la mairie de Béziers ne peut pas taire cette réalité : si Jésus, Marie et Joseph étaient venus à Béziers en 2015, ils se seraient fait refouler.

 

( Dans un souci de dédiabolisation, le maire de Béziers a publiquement exprimé, il y a 2 ans, ses regrets sur les propos qu’il a tenus et qui sont relatés dans cet article. Personnellement je continue de penser qu’on ne peut pas promouvoir le pire des propos de l’extrême droite, pour se faire élire ou pour passer dans les médias et un jour se flageller publiquement sur une partie seulement de ces propos. La semaine prochaine je vous propose un nouveau conte de Noël sur les mariages interdits à Béziers)