À Béziers, par l’opération du Saint-Esprit, les rois mages se sont transformés en rois de l’immobilier.

Au Polygone, sur les allées Paul Riquet, aux halles, les rois mages n’apportent plus de l’encens ou de la myrrhe et l’or s’est transformé en ordre urbain. Pour le maire de Béziers, l’encens et la myrrhe, c’est complètement dépassé, c’est pour les pauvres : et les pauvres il cherche à s’en débarrasser.

Les nouveaux rois mages à Béziers, ce sont les rois de l’immobilier. Ce sont eux qui vont gentrifier la ville. Pour les attirer, le maire remodèle la ville en créant des « poches » de modernité comme le quartier du Polygone, les allées Paul Riquet ou les halles de Béziers.

Cette stratégie des « poches » est rodée à Béziers, elle vise à transformer un quartier en le gentrifiant.

Dans cette stratégie, la municipalité cherche à attirer les rois de l’immobilier en leur faisant miroiter des investissements lucratifs dans un quartier qui va bénéficier d’une « locomotive » (payée, elle, systématiquement sur fonds publics).

Peu importe que ces projets soient utiles à la population. Dans l’emblématique centre-ville, les halles rénovées ne sont plus un marché couvert, mais davantage un regroupement de traiteurs qui vont servir de quoi grignoter.

Peu importe que la majorité de la population n’ait pas financièrement accès à ce type de prestation. Dans la logique ultra libérale du maire de Béziers ce qui compte c’est : « attirer les investisseurs ».

Pour les attirer, il est d’ailleurs prêt à promettre un nouveau parking dans le centre-ville de Béziers. Pourtant, il en existe déjà 3 (au demeurant sous utilisés) dans un rayon de 500 mètres autour des halles.

La même analyse vaut aussi pour les allées Paul Riquet où le strict minimum est prévu pour s’assoir et se reposer. Les allées ne sont pas destinées aux sédentaires c’est un axe commercial qui sert à circuler pour consommer et faire de l’animation commerciale pour irriguer les commerces du centre-ville.

La force de frappe de cette reconfiguration urbaine c’est le prix dans l’ancien (appartements et maisons).

À Béziers, le prix médian au m2 des appartements anciens est de 1480 euros, contre 3240 € / m2 à Sète, 3530 € / m2 à Agde, 3310 € / m2 à Montpellier, 5360 € / m2 à la Grande Motte.

Dans le centre historique, le prix « tombe » même à 1270 € / m2.

Dans cette fourchette de prix, les rois de l’immobilier voient profits et rendements. Leur intérêt est de rénover pour louer. Peu importe si les 3/4 de la population actuelle qui réside dans ces quartiers n’ont pas de perspectives d’accès à ces futurs logements. Peu importe si cette population doit quitter la ville pour aller dans des zones rurales, où elle pourra peut-être espérer se reloger.

Le pari du maire de Béziers est ailleurs, gentrifier la ville et espérer une population avec des hauts revenus qui vote bien, c’est-à-dire pour lui.

Dans ce tour de passe-passe municipal il est étonnant que les populations ne se soient pas autoorganisées pour défendre leurs intérêts, comme il est étonnant que l’opposition locale n’ait pas cherché à livrer la bataille de la paupérisation en organisant la riposte.

À ma connaissance, les mobilisations sur cette question sont celles de l’association des riverains de la villa Antonine (ADRVA) dont EVAB relaie systématiquement le combat et celles de quelques comités de quartier. Il en existe sans aucun doute d’autres, si c’est le cas, elles peuvent se faire connaître.

Car une chose est sûre, si le maire fait un troisième mandat d’affilée, cette logique s’approfondira et il y a peu d’espoir que les rois de l’immobilier s’arrêtent dans les étables du centre-ville pour apporter des cadeaux au milieu des vaches et des ânes, à ceux qui y résident. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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