" Y’a d’la joie / Bonjour bonjour les hirondelles / Y a d'la joie... " Nous sommes en 1936, l’année du front populaire et Charles Trenet écrit « Y’a d’la joie ». C’est l’année de l’alliance des forces progressistes d’alors, la SFIO, le PCF et les radicaux, contre les forces fascistes. L’année des « grèves de la joie » comme les a appelées Simone Weil qui aboutissent aux accords de Matignon et ses 2 semaines de congés payés, ses 40 heures de travail hebdomadaire au lieu de 48 ou la création des conventions collectives. Mais 1936 c’est aussi la guerre civile en Espagne. 3 ans nous séparent du lancement de la seconde guerre mondiale par les forces fascistes.
C’est pourquoi cette chanson résonne étrangement. Comme le signe d’un aveuglement tragique. Comme le son du glas.
Si le contexte historique n’est pas le même, les termes du paradigme se retrouvent dans notre contexte politique actuel : la nécessité d’une unité des forces progressistes, la menace imminente d’un régime à tout le moins autoritaire, des mouvements revendicatifs inédits.
La joie d’une certaine liberté retrouvée en ce lendemain de confinement doit nous rappeler qu’elle est précieuse et que les gouvernements autoritaires n’ont jamais été les alliés du peuple. Ils n’ont jamais amené dans leurs bagages que du malheur. Les exilés de la guerre civile espagnole et leurs descendants le savent bien. Voter à l ’extrême droite c’est choisir la carte du pire.
Nous n’avons pas d’autres urgences que de réfléchir à un projet de société écologique et solidaire. L’extrême droite nous ferait perdre un temps incommensurable par rapport à cette nécessité absolue.
C’est pourquoi nous devons aller en masse voter lors des prochaines élections pour les forces progressistes. Laisser une parcelle de pouvoir aux forces réactionnaires c’est prendre un risque énorme. J’entends des camarades douter de la possibilité d’un régime d’extrême droite en France. Mais c’est ignorer la tentation du pire que l’on entend s’exprimer dans toutes les couches de la société, les attaques incessantes de mouvances d’extrême droite contre des militants, des universitaires, des féministes, l’extrême droitisation de certains médias influents et de plusieurs partis politiques. D’autres camarades fatalistes sont à envisager que la gauche renaîtrait d’un combat frontal avec l’extrême droite si elle parvenait au pouvoir. Mais c’est faire un pari bien risqué, et à coup sûr dévastateur. Il faut tout faire pour que ce combat n’ait pas lieu, que les forces réactionnaires, morbides, stériles retournent aux oubliettes de l’histoire et que des forces vives, créatives, joyeuses réinventent, réenchantent un tant soit peu notre monde. Il faut tout faire pour stopper la réac épidémie. Allez, tout le monde aux urnes, joyeusement. Y’a d’la joie / Et du soleil dans les ruelles / Y a d'la joie / Partout y a d'la joie !