Visa 34 vient de sortir son nouveau bulletin consacré à la gestion des 4 villes tenues par l'extrême droite en Occitanie : Perpignan, Moissac, Beaucaire et Béziers. Ce bulletin a été élaboré à partir des réponses faites par des militants syndicaux et associatifs de ces quatre villes. Nous publions aujourd'hui le bilan consacré à Beaucaire.

BEAUCAIRE (Gard 30)

En 2020, le maire RN Julien Sanchez a été élu pour un deuxième mandat. Ses électeurs se sont déplacés, les électeurs des listes d’opposition non ! Il n’y a même pas eu de deuxième tour. Julien Sanchez a été réélu avec 59.50%. Tout cela a entraîné dans toute l’opposition une forme de lassitude.

Le cabinet du maire 

Dans son dernier rapport la cour des comptes pointe les frais du cabinet du maire. Trop de personnels pour une commune de 16 000 habitants. Là aussi l'opacité est totale. Nous avons vu défiler de nombreux identitaires au service communication de la ville comme Damien Rieu (cofondateur et porte-parole de Génération identitaire) et dont certains sont fichés S.

La communication

La mairie contrôle tout sur sa page Facebook où tout ce qui ne dit pas « bravo monsieur le maire » est banni alors que les propos racistes et injurieux pullulent. À chaque évènement un nouveau photographe qui mitraille le maire.  Le magazine de la ville est à la gloire du maire, on a compté jusqu’à 33 photos du maire sur 26 pages. Sur le site internet officiel de la ville, il est plus facile de trouver la dernière polémique créée par la mairie que les horaires d'ouverture de la piscine ! 

L'attitude avec le personnel municipal  

Depuis 2014, la mairie a bien eu le temps de mettre tous les employés municipaux au pas. Ceux-ci changent de service au bon vouloir du maire, de la bibliothèque au conservatoire, de la mairie à la bibliothèque. La bibliothèque sert de placard. Il est très difficile de savoir ce qu’il s’y passe exactement, peu de gens parlent, mais nous savons que l’ambiance n’est pas bonne. Et quand on voit le résultat des élections on ne peut pas leur en vouloir. D’autre part, le maire a fait voter une disposition remettant en cause le temps de travail réglementaire et réduisant la prime de fin d’année pour les employé.e.s ayant eu recours aux arrêts maladie. De plus, il s’est félicité « de ne pas avoir remplacé vingt contractuels » car pour lui « la mairie emploie encore soixante-dix employés de trop. » Ce qui est certain c’est que nombreux employés ont quitté leur poste (retraite, maladie ou recrutés dans d’autres communes). Enfin, affichant une volonté de réduire la dépense publique, sa politique de « tailler dans les dépenses salariales » entraîne des grosses difficultés dans les services de la mairie.

Rapport avec les syndicats

Le maire a agressé verbalement une enseignante ayant refusé de lui serrer la main, puis il a déclaré à la presse, qu’il s’agissait de « quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires, dont le comportement n’a rien à envier à celui de racailles ». Poursuivi par la CGT, il a été condamné à une amende de 1500 euros par le Tribunal correctionnel de Nîmes pour délit d’injure à l’encontre de l’enseignante. En réaction au jugement, il a encore déclaré : « Ils peuvent me faire condamner, installer la guillotine devant le Palais de justice, je continuerai à dire ce que j’ai à dire. »

La discrimination et le racisme

Dans la ville, il y a une libération de la haine raciale : « Vivement que l’on nous débarrasse de la vermine, des bougnoules » ou « Profitez-en bien parce que bientôt vous serez de retour chez vous ».  Au niveau scolaire, depuis 2018, il n’y a plus de repas de substitution au porc dans les cantines bien que le tribunal administratif ait demandé par deux fois de les rétablir. Et sur les étrangers, le maire explique aussi qu’il est « à son grand regret, obligé de les inscrire dans les écoles de « sa » ville : « je tiens, en tant que Maire, à alerter le gouvernement et l’opinion publique sur le coût pour les contribuables et la répercussion sur le niveau des enseignements offerts à nos enfants de l’accueil d’élèves dits allophones (autrefois appelés primo-arrivants) dans les écoles françaises… » Du côté des commerces, il y a eu une décision dans la rue du centre (où il y a plusieurs kebabs) de les fermer à partir de 22h. Les commerçants ont porté plainte et ils ont gagné le droit d'ouvrir comme les autres mais ils ont été déboutés de leurs plaintes pour discrimination raciale. Le maire a demandé aussi une dérogation pour ne pas créer d’aire d’accueil pour les gens du voyage et il y a une application restrictive des certificats d’hébergement pour faire venir des étrangers…

Le poids de la religion

Le maire a perdu plusieurs procès contre la LDH et la Libre pensée pour avoir installé une crèche dans la mairie. Le dernier jugement rendu à Marseille obligeait le maire à payer 5000 euros par jour d’astreinte mais la crèche est restée en mairie jusqu’à la date prévue. On ne sait pas si l’amende a été payée.

La vision de l'histoire (pro-Algérie française)

Le maire a fait débaptiser la « rue du 19 mars 1962 » dans sa ville, la remplaçant par la « rue du 5 juillet 1962. Massacre d’Oran » (massacre de plusieurs centaines de Français échappant vite au contrôle du FLN et des nouvelles autorités algériennes). L’extrême droite française ne cesse de rappeler ce fait pour jeter une ombre sur le fait même que l’Algérie soit devenue indépendante ; et pour défendre le colonialisme qui est à l’origine des haines ayant opposé des populations.

Oppositions

Le maire prévient les conseillers municipaux d’opposition des dates du conseil le plus tard possible et il les noie sous les documents... La salle du conseil est installée comme une salle de classe : le maître sur l'estrade et les conseillers face à lui. Le public, lui, ne voit que le dos des élus. D’autre part, la Marseillaise est chantée au début de chaque séance. En fait le maire, Julien Sanchez, aimerait être le président de la communauté de communes mais à chaque mandat, les maires et élus votent pour le maire de Bellegarde afin que la communauté ne passe pas aux mains du RN.

Les procédures juridiques

Il y a eu 80 000 euros de dépenses en frais d’avocats pour les procès de la ville en 2018. La note augmente chaque année. Dès la moindre critique de l’opposition, il engage un procès.  Cette utilisation du juridique pour défendre leur vision du monde est importante quitte à se mettre hors-la loi.

La gestion locale : les marchés

Beaucaire, ville populaire, cosmopolite, est, avec un taux de pauvreté de 40 %, l’une des villes les plus pauvres de France. Et contrairement aux affirmations de la communication RN, la ville est sale, les rues et routes sont défoncées...  Cela dit, le maire s’est vanté aussi d’avoir entamé une politique de « nettoyage « du marché hebdomadaire de la ville en voulant le rendre provençal.  Des emplacements d’étals ont été supprimés, sans qu’aucune alternative n’ait été proposée aux commerçants concernés. En un jour le marché a été totalement chamboulé, les marchands de vêtement pris entre la poissonnerie et la rôtisserie.  On a fait venir de nouveaux commerçants qui vendaient des savonnettes à la lavande et autres produits provençaux qui ne correspondaient pas du tout à la demande des clients. Très vite faute de clients les exposants, y compris historiques, lassés de ces changements perpétuels ont arrêté de déballer à Beaucaire.

Le pire fut pour la foire de l’Ascension, là aussi le maire a souhaité la "provençaliser".  Le mécontentement a entraîné des manifestations de forains en 2015, depuis, la veille du marché, la ville est barricadée avec contrôle des voitures pour empêcher des forains de s'installer ! Check Point toute la nuit tenu par des élus de la mairie et malheur à vous si vous conduisez une camionnette !

Enfin le marché nocturne estival du vendredi est tombé à un tel point mort qu'il est pratiquement devenu gratuit pour les exposants.

La gestion locale : les commerces

D’autre part, concernant les baux commerciaux, la politique de la ville est très opaque. Tout d'abord la mairie a racheté plusieurs bars et locaux commerciaux qui restent vides ou dont le mode d'attribution est trouble. Ensuite la commune sous-loue des locaux commerciaux, elle garantit aux propriétaires le paiement du loyer et offre une ristourne aux commerçants de minimum 10% du prix du loyer pendant deux ans.

Parfois le local est attribué à des associations dont il est impossible de savoir si elles payent un loyer ou non !  Cette politique fonctionne pour une poignée de commerçants mais pour la plupart c'est une valse des enseignes. Or comme la Ville garantit aux propriétaires le paiement des loyers cette pratique commence à peser dans le budget. Il est impossible de savoir ce que cela coûte ou combien de commerces sont concernés car tout est fait pour empêcher d'avoir une vision globale.

La culture

En dehors de la crèche en mairie, on a vu les Chippendales offerts aux femmes de Beaucaire le jour de la Saint Valentin, la transhumance de Noël, les motards et autre concours de tatouage le 1er mai !

La police

La médiation sociale a été rattachée aux policiers municipaux. Il y a 100 caméras et 20 policiers municipaux.

Les associations

 Les subventions des associations sont versées uniquement à celles qui le « méritent »et c’est « une relation de servitude idéologique ». En revanche, la mairie refuse d’aider les associations dites communautaires et celles qui sont soi-disant politisées. Par exemple, le maire a supprimé toutes les subventions à la Maison du vivre ensemble, un centre socio-éducatif qui assurait un soutien scolaire aux enfants en déclarant : « Si ces personnes ont besoin de soutien parce qu’elles ne parlent pas le français, ce n’est pas mon problème, ce n’est pas à nous de payer ! La Maison du vivre ensemble qui accueillait jusque-là une centaine d’enfants en soutien scolaire, a dû fermer ses portes en 2015.

 L’école

Les écoles manquent de place et la moitié sont délabrées. Le maire a également ciblé les « parents profiteurs », leur crime consistant à « abandonner » leurs enfants à la cantine scolaire sans paiement préalable. Il s’en prend également aux enseignants ou leurs organisations syndicales : « Ce n’est pas quelques braillards sur la place de la Préfecture, trop pris d’apéros, ... qui ont proféré des menaces physiques, estimant qu’il valait mieux rester dans l’entre soi ... Cette école primaire où l’on trouve du shit dans l’école, où on deale devant la porte, où les profs ne peuvent plus enseigner à cause du communautarisme ... Même Valls le reconnaît, il faut en finir avec cette école gangrenée par la violence, le communautarisme et le trafic de drogue. Avec votre idéologie vous avez laissé entrer dans l’école les pires dérives, en politisant l’école ; le cadavre du communisme empeste encore la politique française (sic) !... Nous, nous ne faisons pas de politique ... » (Beaucaire Magazine » le journal du maire).

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