Par les temps qui courent, être étranger est devenu suspect et dangereux. Avec ou sans papiers, en situation régulière ou pas, dans l'emploi ou pas, cotisant ou pas, étudiant ou pas, majeur ou pas, décidément c'est haro sur l'étranger.

On se demande même si les français d'origine étrangère ne sont pas eux aussi dans le collimateur de cette course au plus offrant pour les idéologies racistes de la part de ceux qui parlent de valeurs humanistes et de lutte contre le Rassemblement National. On frôle le délit de complicité active. 

Il suffit de suivre avec effarement le feuilleton sur la nouvelle loi immigration.

On est arrivé au bout, a dit Darmanin ! Au bout de quoi ?

Déjà son projet initial était imbuvable, celui du Sénat à vomir, celui issu de la Commission parlementaire, entre les deux c'est à dire inacceptable pour celles et ceux qui ont une définition humaniste et républicaine de leur responsabilité politique.

La presse se fait l'écho de ce qui a été rajouté ou enlevé, modifié ou reporté, la vérité c'est que c'est une victoire idéologique du Rassemblement National et Marine le Pen ne cesse de le répéter. Le RN a d'ailleurs voté avec enthousiasme ce projet tout droit sorti de leur programme. Il faut bien avouer que la loi qui a été largement approuvée par l'Assemblée Nationale respire, suinte, transpire et contient ce que le RN n'a cessé de marteler depuis bien longtemps : sus à l'étranger, la France aux Français, la préférence nationale, la déchéance de nationalité, la remise en cause du droit du sol, et j'en passe.... Plus de honte à proposer toujours plus de restrictions des droits, tous les droits,  toujours plus de barrières et d'obstacles à une vie digne pour les étrangers se trouvant dans notre pays, toujours plus de mesures discriminatoires, liberticides qui frisent une culture de la haine, incompatible avec les valeurs de la République ! Où sont la liberté, l'égalité et la fraternité ?

Le RN rêvait de voir toutes ces dispositions dans la loi de la République, les LR les ont proposées, la majorité des parlementaires les a adoptées  avec la complicité du gouvernement ! Un vote qui insulte l'histoire de cette France de la déclaration des droits de l'homme. Cette loi est d'autant plus insupportable qu'elle bafoue les principes même que tous les parlementaires devraient avoir en commun. Attention, la dégradation des droits pour certains prépare immanquablement la dégradation des droits pour tous. Avec cette loi, nous mettons le doigt dans une machine infernale qui blesse, qui déshumanise, qui tue!

Merci aux 186 députés qui ont voté contre ce texte. La gauche certes, encore heureux  mais aussi 20 députés du groupe "Renaissance", 5 du groupe "Démocrate", 2 du groupe Horizons, soit 27 de la majorité présidentielle qui n'ont pas suivi le gouvernement. Il faut rajouter également 8 députés du groupe "LIOT" et 2 non inscrits.  Ce vote a même déclenché une crise politique au sein du gouvernement  avec la démission du ministre de la santé et des solidarités.

 

Honte aux autres parlementaires, indignes complices de cette infamie et de cette trahison qui devraient interpeller leur conscience en testant leur convictions profondes. On se souvient encore des parlementaires qui en 1940, ont voté les pleins pouvoirs à Pétain, certains ne s'en sont jamais remis. Ce vote du 19 décembre 2023 restera lui-aussi dans les mémoires également comme un point de bascule d'une 5ème République moribonde.

Mais où va-t-on à ce rythme ? Les digues ont-elles à ce point sauté ? Les lignes rouges ont-elles été franchies ?   C'est la couleur noire qui désormais nous attend ! sous forme de peste noire,  je veux dire !

Quand je pense qu'Emmanuel Macron devait être le meilleur rempart face à l'extrême droite, encore une promesse non tenue !

Que nous reste-t-il ? se résigner ? se soumettre et accepter  que ce pied dans la porte du pouvoir que vient de placer le RN finisse par lui permettre d'occuper la maison France et nous en exclure ?

Charles Bukowski disait dans "Contes de la folie ordinaire : "il y a dans la vie de chacun un moment où il faut choisir de fuir ou de résister".

Il n'est pas question de fuir !

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