Le Reich considéra immédiatement que l’exploitation économique de la France était un des gains essentiels de sa victoire militaire.

Le pillage économique

Le Reich considéra immédiatement que l’exploitation économique de la France était un des gains essentiels de sa victoire militaire.

L’exploitation méthodique commença avec la convention d’armistice. Dans son article 3, la convention stipulait que le Reich « disposait de tous les droits de la puissance occupante ». L’article 17 de la même convention d’armistice indiquait « il ne pourra être disposé des valeurs et des stocks se trouvant en territoire occupé qu’en accord avec le gouvernement du Reich »

De fait dès le début Vichy accepta la primauté des droits du vainqueur militaire.

Une autre disposition de la convention d’armistice concernant « les frais d’entretien des troupes d’occupation » permit au Reich de financer une partie importante de son effort de guerre. Tous les 10 jours un tribut était payé sur un compte spécial à la Banque de France. En 1940, Il représentait, 400 millions de francs par jour, soit la moitié du budget de l’Etat vichyste. On peut estimer que cette somme correspondrait actuellement à 60 millions d’euros par jour. Avec l’occupation de la zone sud fin 1942 ce tribut était passé à 500 millions de francs.

Pour systématiser le pillage économique l’occupant met en place des « bureaux d’achat ». Ils ont pour but de débusquer les stocks et de s’en emparer. Les historiens évaluent les profits de ces « bureaux d’achat » à 37 milliards de francs. Entre juillet 1942 et juillet 1943, ce sont 5 197 wagons qui partirent vers l’Allemagne depuis les docks de Saint-Ouen réservés à cet usage.

Le but de l’occupant était double : faire payer l’effort de guerre du Reich à la France et la vassaliser au sein d’un grand ensemble économique européen sous suprématie allemande.

La collaboration des industriels

Les directives de Vichy même erratiques, étaient suivies par les chefs d’entreprise, qui se réjouissaient qu’après les grèves de mai-juin 1936 un régime autoritaire ait repris la main sur les rapports sociaux.

Les usines Berliet, pourtant situées en zone sud reçurent l’ordre des autorités de Vichy de se soumettre aux commandes allemandes. 9 000 camions Berliet furent utilisés en opération par la wehrmacht.

Les établissements Hotchkiss construisirent des chars pour la même wehrmacht. Cette entreprise réalisa pendant les années de guerre 87 % de son chiffre d’affaires avec l’occupant.

La collaboration dans la construction

La construction de ce qu’on appelle « le mur de l’Atlantique » fut gérée par « l’organisation Todt » du nom d’un ingénieur nazi.

En 1944, dix-huit millions de mètres cubes de béton avaient été coulés pour édifier des bunkers sur 1 500 kilomètres de côtes françaises. Plus de mille entreprises françaises du BTP participèrent à ces travaux pharaoniques.

Au total on peut estimer à 16 milliards de francs l’ensemble des travaux réalisés par les entreprises françaises pour l’organisation Todt. Entre 1943 et « la libération » les entreprises du BTP françaises auront travaillé à 80 % pour le Reich.

Une collaboration économique de grande ampleur

Les pourcentages d’activité des usines françaises en faveur du Reich s’élèvent à 80 % pour le bâtiment, 78 % pour les constructions navales, 100 % pour les constructions aéronautiques.

 L’occupant contrôlait directement : 29 % de la houille, 50 % de la bauxite, 74 % du minerai de fer, 50 % de la production sidérurgique, 75 % de l’aluminium, la totalité du ciment, extraits ou produits en France.

Au niveau textile, 40 % des vêtements consommés par le front russe venaient de France.

Au niveau alimentaire, le quart de la production de viande et 17 % des céréales panifiables étaient directement livrées à l’Allemagne.

Au début de 1944, 7 millions de travailleurs français travaillaient pour la machine de guerre allemande

La France de Vichy fut un des rouages indispensables de l’économie de guerre du Reich. Sur ce volet de la collaboration il est très difficile de pouvoir dire aujourd’hui que Vichy a protégé les Français et son économie.

 

 Cette contribution est issue de notes de lecture du livre de Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera "Les patrons sous l'occupation'' publié aux éditions Odile Jacob en 1995