La richesse et le poison se sont conjugués dans la mine d’une vallée de l’Aude à Salsigne. Pendant près de 3 ans, Nicolas Rouillé a collecté la parole des mineurs et des habitants. Il l’a retranscrite dans un livre coup de poing qui évoque la richesse de la mémoire ouvrière et le poison de la pollution industrielle. . .

Salsigne (9). Si on rouvre la mine de Salsigne (dernier épisode)

  • «Au fond de la mine, on a un potentiel de vingt ans d’exploitation. Seulement c’est toujours pareil, c’est une question financière. »

 

  • « Le gisement est sous le village de Villanière. En Amérique, ils emploieraient les grands moyens, on foutrait le village par terre et on exploiterait en mine à ciel ouvert. Mais on n’est pas en Amérique. »

 

  • « Pour reprendre l’exploitation, ça voudrait dire descendre à des niveaux profonds, dans le 2X qui est sous 400 mètres d’eau quasiment. Il faudrait que les cours de l’or soient vraiment élevés. »

 

  • « C’est pas impossible qu’en profondeur il y ait quelque chose d’intéressant. La mine à ciel ouvert, oui, c’est terminé, mais en souterrain, s’il y a un gisement de taille suffisante à 1 000 – 1 500 mètres de profondeur, pourquoi pas. En Afrique du Sud, ils descendent bien à 4 000 mètres. Après, il faut des grosses compétences et quelqu’un qui soit prêt à investir 100 millions d’euros pour faire des recherches. »

 

  • « C’est pas l’or de Salsigne qui les intéresse, c’est les terres rares de la Montagne Noire, du côté de la Loubatière. C’est ça qui les intéresse. »

 

  • « Aujourd’hui, la consommation d’or dans le monde, c’est 60 % pour la bijouterie, 30 % pour les banques — c’est-à-dire des lingots dans les coffres — et juste 10 % pour l’industrie. Donc sans jugement de valeur, si demain on fermait les mines d’or, le monde continuerait à tourner et ça aurait un impact positif au niveau environnemental. D’autant plus que l’or se recycle très bien. »

 

  • « La Loubatière fait partie des 30 à 35 mines listées par le BRGM lors du colloque sur les potentialités de réouverture de mines qui s’est tenu il y a sept ou huit ans. Elle est listée pour les terres rares. C’était une mine de plomb très importante, elle a fermé en 1962. »

 

  • « Ça fait 3 000 ans qu’on exploite des minerais dans la Montagne Noire. Des mines ont été exploitées par moments, et à d’autres elles ont été fermées. Ce n’est pas impossible qu’il y ait à nouveau des exploitations à l’avenir. »

 

  • « Montredon contient plein d’or. Je pense qu’un jour ça sera possible techniquement de la reprendre et de payer la remise en état du site par l’or qu’on récupèrera. Le coût de la matière est nul, il suffit de charger et de passer par une usine. »

 

  • « D’une manière générale, la reprise de déchets miniers pour les valoriser est une tendance aujourd’hui, avec une limite qui est la connaissance de ces déchets. L’Europe encourage aujourd’hui à les revisiter pour voir quel est le potentiel. »

 

  • « Ça en fait saliver certains parce que, dans ce qu’on rejetait à l’époque, il y a des terres rares, qui sont très intéressantes sur le marché mondial actuellement. Il y a un potentiel extraordinaire dans les dépôts – Artus, Montredon, verse de Ramèle, partout. Mais après il va falloir les extraire chimiquement. »

 

  • « Si on rouvre la mine de Salsigne, ce sera un Notre — Dame — des – Landes bis ! »

 

Ce texte est composé d’extraits de paroles recueillies par Nicolas Rouillé dans son livre « L’or et l’arsenic », édité aux éditions Anacharsis dans la collection « Les ethnographiques », il est paru en février 2024. Je vous en recommande vivement la lecture. Cette série est clôturée vous pouvez lire les épisodes précédents dans la rubrique « Enquête » de ce site.