Le premier tour des élections législatives anticipées a levé une double interrogation : la France est-elle majoritairement à droite ? le réservoir de l’abstention est-il à gauche ?
Nous espérions tous que les sondages pouvaient se tromper, ça n’a pas été le cas. Les prévisions les plus sombres se sont réalisées. Avec 33,14 % des suffrages exprimés, le RN peut prétendre à la majorité absolue pour gouverner le pays.
Sur 35 000 communes répertoriées en France, le RN passe en tête dans 24 300 communes le 30 juin (soit 69,42 %).
Sur 342 communes répertoriées dans L’Hérault, le RN passe en tête dans 254 (soit 74,26 %).
Dans l’Hérault toujours, le RN a obtenu 234 597 suffrages sur 521 524 votes exprimés (soit 44,98 %).
Avec 28,5 % des suffrages exprimés au niveau national, le NFP atteint un score inenvisageable il y a quelques semaines. Distancé par le RN et ses alliés, il devance de plus de 6 points la majorité présidentielle qui elle obtient 22 %.
De fait le NFP constitue l’alternative au Rassemblement national. C’est encore plus flagrant dans l’Hérault où une députée NFP et un député RN sont élus au premier tour et où 8 candidats et candidates NFP sont au second tour (soit dans toutes les circonscriptions), pendant que la majorité présidentielle risque de disparaître.
Passer en quelques jours de listes séparées et divisées à des listes unitaires a constitué un exploit. Un exploit unitaire tardif au vu de la dynamique qui porte le RN depuis des années, mais un exploit quand même.
Le vote du premier tour en faveur du NFP est un vote d’adhésion et d’espoir. Pour espérer contrer la progression du RN, il faudra le transformer en structure de mobilisation pérenne et en un programme électoral incontournable par toutes ses composantes (localement Delga et Mesquida s’étaient affranchis du moratoire sur l’A69).
Ce vote d’espoir, supérieur à celui de la NUPES en 2022 (25,78%), ne permettra sûrement pas d’avoir une majorité même relative le 7 juillet prochain, il faut s’y préparer.
Même si le rapport de forces ne nous est pas favorable, le NFP est le meilleur outil pour gagner et battre le RN.
Dès lors, le vote de dimanche prochain devient un vote défensif / offensif qui peut permettre de priver le RN de majorité absolue et de gagner là où c’est possible (3 circonscriptions supplémentaires dans l’Hérault peuvent être gagnées)
Pour gagner au second tour, il faudra maintenir et amplifier la mobilisation à gauche.
Un paysage politique divisé en trois blocs inégaux se dessine. Les blocs de droite et d’extrême droite ont déjà convergé au niveau des votes et de l’idéologie sur des sujets comme l’école et les migrants.
Nous ne pouvons pas faire confiance au bloc de droite pour faire barrage à l’extrême droite.
Il reste à transformer le NFP en structure pérenne de mobilisation et de combat contre l’extrême droite.
Les malchanceux de la loterie des circonscriptions peuvent être amenés à voter contre le RN avec une pince à linge.
Si c’est le cas, il faudra dire et écrire que ce n’est en aucun cas une croyance magique et conjuratoire en un « arc républicain », mais un vote uniquement stratégique pour empêcher que le RN ait la majorité absolue.
Nous avons vu ce que la droite « made in Darmanin » était capable de faire à Sainte Soline en 2023 avec une majorité relative. Nous savons ce que l’extrême droite « made in Ciotti » serait capable de faire à Sainte Soline en 2024 avec une majorité absolue.
On ne joue pas avec l’extrême droite, on la combat, par les urnes et par les luttes !
C’est ce qui différencie la droite de la gauche.