Le rideau vient d’être provisoirement tiré sur la venue de Marine Le Pen à Béziers. Mais elle reviendra, comme viendra Valérie Pécresse et comme reviendra Éric Zemmour.
Entre les déplacements, visites et conférences de presse qui ont marqué la journée du 7 janvier 2022, le maire et la députée de Béziers nous ont confirmé une chose : la campagne électorale est et sera permanente à Béziers et sur l’agglomération.
Elle sera permanente parce que les Ménard ont une fonction : construire des autoroutes entre les deux protagonistes de l’extrême droite et la candidate de la droite extrême.
Elle sera permanente parce que les Ménard se servent de Béziers et des biterrois comme d’une base logistique pour conquérir le pouvoir suprême, leur graal, la présidence de la république.
De cette conquête par délégation ils attendent bien sûr une chose : « La victoire de leur camp la droite et la droite de le droite ».
Ils attendent aussi des subsides personnels, au minimum un ministère pour l’une ou l’un des deux.
Les Ménard se vivent comme interchangeables. Si l’un est appelé au ministère de l’intérieur, l’autre pourra reprendre mairie et agglomération. Si l’une est appelée au ministère des affaires sociales, l’autre pourra continuer de labourer le fief local.
Dans ce numéro de duettistes pendant que Robert annonçait parrainer Marine Le Pen, Emmanuelle disait qu’elle réservait son soutien et qu’elle l’annoncerait au mois de mars. Ce pied de nez à la candidate du R.N est aussi un message politique : pas de soutien à la manif pour tous, pas de parrainage.
Dans la plus pure tradition des rapports de force les Ménard ont envoyé un avertissement à Le Pen, Zemmour et Pécresse. Nous avons un, deux, trois fers au feu. Nous donnerons nos soutiens à celle ou à celui qui aura le plus de chances d’être au second tour. Si vous êtes à égalité comme l’indiquent les sondages nous répartirons nos soutiens.
Ce pragmatisme revendiqué exclut tout sentiment, contrairement à ce qu’ils disent les Ménard n’ont pas d’amis, ils ont des écuries de courses.
Dans ces longs mois qui s’annoncent où Béziers sera un théâtre permanent, des initiatives, des prises de parole, montrent la voie :
- La dénonciation de la récupération des figures de gauche : Jean Moulin, Jean Jaurès, Giacomo Matteotti (tous assassinés par l’extrême droite à cause de leur engagement) lors de la procession du vendredi 7 janvier autour de leurs bustes et statues.
- La réaffirmation de l’idéal coopératif adressé par Jean Huillet président fondateur de la cave coopérative de Servian à Marine Le Pen : « Je suis choqué et triste. Choqué de voir bafouées les valeurs de l’économie sociale et solidaire porteuses d’humanisme, de partage, du respect de l’autre dans sa différence, valeurs ignorées par la visiteuse (Marine Le Pen ndlr) qui prône l’individualisme et le populisme ».
Jean Jaurès, initiateur de la première cave coopérative viticole de France à Maraussan, assassiné par un militant d’extrême droite, avait proposé la devise qui figure encore sur son fronton : « Tous pour chacun, chacun pour tous ».
Une devise qui reste à des années lumières de l’ultra libéralisme et de l’individualisme des Ménard et Le Pen.