La figure du « militant » est la seule qui exprime pour le mieux la vie de la multitude.
La figure du militant se réfère aux combattants communistes et libertaires des révolutions du XXe siècles.
Ces combattants de la liberté se sont opposés au Stalinisme, au fascisme, aux guerres anticoloniales et anti-impérialistes.
Ils ont construit des associations à partir de la base au sein de la population ouvrière et paysanne.
Par le moyen d’une agitation continuelle ils ont donné naissance à la pensée utopique et à la connaissance révolutionnaire.
Cette émancipation de l’enfermement du travail salarié est le moteur de l’individualité créatrice qui irrigue tous les mouvements collectifs.
Il y a bien sur les mouvements de résistance contre l’exploitation capitaliste et son cortège d’aliénation monétaire, d’expropriation de la vie, d’exploitation par le travail, de colonisation des affects.
Il y a aussi les tâches répressives confiées aux gardes blancs de la terreur d’État, aux mafias noires ou brunes pour détruire les contre-pouvoirs.
Mais il y a surtout une immense pratique de masse qui pose une question insoluble aux possédants : pourquoi le militantisme existe encore ? Pourquoi les résistances se sont aggravées ? Pourquoi la lutte réapparaît avec une vigueur nouvelle ?
A cette question insoluble pour les possédants, nous avons une réponse.
Nous ne sommes pas des représentants, notre activité militante est une activité constituante.
Le militantisme contemporain est une activité positive, constructive et innovante. Il résiste à l’autorité impériale de manière créative. Il investi des dispositifs coopératifs de production et de communauté.
Là, est la puissante nouveauté du militantisme actuel. Il se rattache aux vertus de l’action insurrectionnelle des deux siècles passés, mais il se rattache à un monde nouveau qui ne connaît pas d’extérieur, de limite.
Ce militantisme propose une participation vitale, inéluctable, aux structures sociales. Il fait de la résistance un contre-pouvoir, et de la rébellion un acte d’amour.
À la misère du pouvoir il faut opposer la joie de l’être.
C’est une révolution qu’aucun pouvoir ne contrôlera, parce que le biopouvoir et la coopération sont enfin réunis ensemble.
(Ce texte est un hommage à Antonio Negri (Toni) mort le 16 décembre 2023. Il fut l’un des principaux animateurs de ‘l’opéraisme’ un courant marxiste italien.)
Richard Laporte