Le pacte de la Moncloa est signé en 1977 par différentes forces politiques espagnoles. Après la mort de Franco le 20 novembre 1975, l’objectif est de mener une « transition démocratique » par le haut, à froid, sans mobilisation sociale.
Ce pacte faustien conclu entre Adolfo Suárez, Juan Carlos, Santiago Carillo et Felipe Gonzalez tente de mettre sous le tapis 3 ans de guerre civile et 40 ans de dictature.
En introduction au film « Amis sous la cendre » qui sera projeté le 6 avril 2024 à 18 h à la Cimade, nous vous proposons, en guise d’introduction, un « arrêt sur image » sur la biographie des 4 principaux signataires du pacte de la Moncloa : Suárez, Juan Carlos, Carillo, Gonzalez.
- Adolfo Suárez : dignitaire et liquidateur du franquisme ?
Fils d’un républicain devenu cadre franquiste, Adolfo Suárez commence très tôt sa carrière politique dans l’administration franquiste. En 1955 il se rapproche des cercles de l’Opus Dei, entre à la télévision d’État en 1964 (il la dirige entre 1969 et 1973) et devient gouverneur civil de Ségovie en 1968. En novembre 1975, il entre dans le premier gouvernement de la monarchie à la tête du « Mouvement national ».
Le « Movimiento National » ou « Movimiento » était la désignation officielle de l’appareil d’État de l’Espagne franquiste entre 1937 et 1976.
Le « Movimiento » est le parti unique.
Dans le domaine social, il n’existe qu’un seul syndicat et l’adhésion y est théoriquement obligatoire.
Dans le domaine religieux, le catholicisme est la religion d’État.
Dans le domaine familial, le mariage ne doit pas être seulement civil, mais aussi religieux. Le divorce est interdit.
Dans le domaine éducatif, tous les enseignants sont tenus de transmettre la même idéologie nationaliste.
Dans le domaine sexuel, les pratiques homosexuelles sont pourchassées.
Tous les pouvoirs sont réunis entre les mains d’un seul homme : Franco. Il est chef de l’État, chef du gouvernement, chef du syndicat officiel, chef des armées, c’est le « Caudillo » ( le chef ).
Il existe une assemblée les « Cortès » mais tous ses membres sont désignés par le chef de l’État. Les « Cortès » n’ont qu’un rôle consultatif.
L’arsenal des lois, décrets et dispositions diverses qui concernent la répression est infini. Tous ces textes dressent un inventaire de conduites considérées comme délictueuses. Elles peuvent mener très facilement en prison.
Les différentes régions qui constituent l’Espagne sont dépouillées de tous droits et de toute initiative en ce qui concerne leur propre gestion.
Le centralisme franquiste est violemment contesté en Catalogne et au Pays basque.
Adolfo Suárez est secrétaire général du « Movimiento » entre décembre 1975 et juillet 1976.
C’est lui que le roi Juan Carlos va choisir pour diriger la « Transition démocratique ».
Entre juillet 1976 et février 1981, il est nommé président du gouvernement. C’est lui qui prépare les accords de la Moncloa.
Le 23 février 1981, dans un silence citoyen assourdissant, le lieutenant-colonel Antonio Tejero prend en otage les députés réunis aux « Cortès » dans le cadre d’un coup d’État qui vise à rétablir l’ordre franquiste.
Le changement démocratique par le haut, à froid, sans mobilisation sociale a failli accoucher d’une nouvelle dictature.