Comment l'emporter ? Comment faire suffisamment peur à ce gouvernement pour qu'il cède et retire son projet de réforme des retraites ?
Nous avons connu dans le passé des journées de grève régulières, des manifestations monstres, des mobilisations étonnantes qui laissaient présager des issues favorables. Peu, voire très peu de victoires pour le monde du travail car ces moyens légaux de protestation ne sont pas une menace suffisante pour le pouvoir.
Demandons conseil à Darmanin, un spécialiste question bordélisation. Il a peut-être raison, c'est en bordélisant un pays qu'on obtient satisfaction.
En faisant quoi ? D'abord ne pas s'épuiser... financièrement en multipliant les journées de grève mais aussi physiquement et moralement en battant le pavé sans retour positif immédiat, sans victoire à l'horizon.
A Marseille*, EDF a passé les compteurs électriques des boulangers systématiquement en heures de nuit ou bien fournit de l'électricité gratuite pour les plus précaires. Voilà le type de solutions qui peut faire basculer un gouvernement. On pourrait déclarer gratuits les autoroutes, les transports, le gaz, tous les services où la grève du zèle des salariés pourrait avoir un effet direct sur le profit des entreprises concernées. On appelle aussi cela la désobéissance civile. Dans chaque entreprise, on pourrait imaginer comment saboter le travail pour empêcher les recettes, sans forcément faire grève. L'effet serait immédiat ! Ce serait sûrement plus facile pour certains que pour d'autres mais vous imaginez la gueule de Darmanin et consort avec ce genre de bordel à gérer ? J'en rêve déjà !
Dans ce monde pourri par le fric, c'est par le fric soit qu'ils nous tiennent en laisse soit qu'on les fera plier ! C'est le portefeuille, le leur, qu'il faut atteindre puisque c'est le nôtre qu'ils veulent vider !
Partout en France, où c'est possible, quand c'est possible il faut utiliser des moyens différents pour se faire entendre, la désobéissance et le boycott ici, le blocage, là, la gratuité ailleurs !
Les grèves de 24 heures à répétition, ils s'en moquent ! Des millions de gens dans la rue qui manifestent pacifiquement, ils s'en contrefoutent.
Alors, libérons nos imaginations, innovons en termes de luttes, n'hésitons pas à quitter le légal pour le légitime, à préférer la surprise au rituel, disons non collectivement et tout simplement, étonnons-les par notre capacité à les toucher où ça fait mal, à ne pas jouer le jeu, leur jeu, ce jeu qu'ils maîtrisent mieux que nous et dont ils sortent gagnants la plupart du temps.
Certes, il faut continuer à se mobiliser, à se rencontrer, à se retrouver ensemble pour se donner courage et motivation, montrer qu'on n'est pas seuls, montrer qu'on fait corps, montrer qu'on lâchera rien, montrer que nous sommes la majorité.
Soyons plus intelligents qu'ils ne pensent, soyons plus malins qu'eux, prenons les à leur propre piège, étonnons-les, étonnons-nous !
Cette semaine, l'intersyndicale appelle à deux journées d'action. Il faut bien sûr y participer en nombre et tout faire pour que ces journées soient un grand succès mais en poussant nos responsables syndicaux à changer de logiciel de lutte sociale, à rompre avec une routine qui épuise, qui démobilise, passons à la vitesse supérieure, bordélisons le pays !