Lors de la commémoration du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 2017, Macron déclare : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. »

Une première question est posée : comment un président de la République française peut confondre un délit et une opinion ?

Cette question était pertinente en 2017, elle ne l’est plus maintenant.

Macron n’a pas confondu le délit de racisme envers les juifs, (condamné légalement comme tous les racismes) et une opinion qui prône la nécessité d’un État juif.

Il a voulu faire bouger les lignes dans le sens du sionisme.

La question d’un État juif dans une Palestine peuplée de 7 millions de juifs et de 7,3 millions d’arabes pose la question de deux États séparés, où à contrario celle d’un État qui supplanterai l’autre.

Le sionisme de droite et d’extrême droite est depuis toujours pour qu’un État juif supplante un État palestinien.

Ce virage à droite de la macronie n’est bien sûr pas le seul, il s’articule à une dérive autoritaire générale.

La confusion entre antisémitisme et antisionisme préparait de fait ce que nous avons vécu dernièrement autour de la guerre au Moyen-Orient.

Comme le faisait remarquer Dominique Vidal dans Politis début novembre : « imaginons que les communistes demandent l’interdiction de l’anticommunisme, les gaullistes celle de l’antigaullisme, les néolibéraux celle de l’altermondialisme, nous serions dans un régime au minimum autoritaire ».

En demandant que les lignes bougent sur la question du droit en condamnant l’antisionisme, Macron a voulu en faire un délit. Cette caractérisation comme délit le range dans le camp de la droite et de l’extrême droite et du soi-disant « choc des civilisations ».

La sanctuarisation du sionisme participe à la reconnaissance d’Israël comme bastion avancé de l’Occident blanc contre les « hordes musulmanes ».

Mais en France le délit d’opinion n’a plus court depuis la guerre d’Algérie.

C’est pourquoi faute de changer la loi, Macron a rétropédalé.

Le 19 février 2019 il déclare : « Je ne pense pas, que pénaliser l’antisionisme soit une solution ». Le lendemain au dîner annuel du CRIF il confirme qu’il renonce à adopter une loi sur l’antisionisme.

Depuis ce rétropédalage la macronie ne cesse de s’aligner sur le sionisme de droite et d’extrême droite.

Les dernières prises de position présidentielles dans la guerre actuelle au Moyen-Orient.

La manifestation d’unité nationale contre le seul antisémitisme et pas contre tous les racismes sont autant d’indice de la dérive de Macron vers la droite et l’extrême droite.