Pour alimenter en bitume le chantier de l’A69, le concessionnaire ATOSCA veut construire deux usines à goudron dans la plus grande opacité.
À Villeneuve-lès-Lavaur et à Puylaurens dans le Tarn, agriculteurs et riverains s’inquiètent de la construction de centrales d’enrobage à chaud pour leur santé et leurs métiers.
Pour ATOSCA, il ne s’agit que d’une question d’odeur qui sera gommée « en diffusant des huiles essentielles à la sortie des cheminées ».
Les usines d’enrobage à chaud, les habitants du Tarn connaissent. À Gragnague, à 18 km de Villeneuve-lès-Lavaur une usine semblable est exploitée par une filiale de Vinci. Les riverains souffrent de maux respiratoires et de maux de tête, des gouttelettes huileuses tombent du ciel.
Le procédé industriel de l’enrobage à chaud utilise des produits chimiques et des matériaux polluants dont certains sont classés cancérigènes (benzène) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’autres comme le dioxyde de soufre affectent le système respiratoire et entraînent asthme et bronchites chroniques.
Pas moins de 500 exploitations agricoles ont été recensées dans un rayon de 10 km autour des deux usines par le collectif «Lauragais sans bitume». Des dizaines de milliers de riverains vivent dans le même périmètre.
Contacté par Reporterre, le directeur des travaux de l’A69 assure que les dernières technologies de pointe seront utilisées à la différence de l’usine de Gragnague. Il reconnaît implicitement qu’il y a un problème avec ce type d’usine.
Il faut dire que pour ATOSCA le temps presse et il serait risqué qu’un nouveau front s’ouvre à côté de celui de l’autoroute, en raison des expropriations et du coût des péages qui est appelé à augmenter.
Dans un an, les deux centrales doivent produire 500 000 tonnes d’enrobé. Elles tourneraient durant 12 à 18 mois, 6 jours sur 7, de 7 à 22 heures, voire 24 heures par moments.
Pour supprimer les questions liées aux émanations polluantes et toxiques, le gouvernement a décidé de mettre fin aux contrôles réalisés par l’État.
C’est ATOSCA qui va réaliser elle-même le contrôle de ses propres émanations. Les agriculteurs et riverains devront payer s’ils veulent savoir.
Dans la transparence qui caractérise ce chantier, personne n’a prévenu les agriculteurs et les riverains de la construction des deux usines d’enrobé.
Pour le directeur des travaux de l’A69, un dossier complet sur l’autoroute est disponible en ligne et dans les mairies.
Ce dossier comprend 16 000 pages. Les habitants avaient 6 semaines pour le lire, l’intégrer et donner leur avis.
Certains maires dépourvus de cabinets−conseils avouent aujourd’hui ne pas avoir eu le temps de le lire et découvrent l’étendue des dégâts.
Le collectif «Lauragais sans bitume» dénonce la mascarade démocratique et prévient : qui sème la pollution et la désinformation récolte la tempête.
Plus que jamais, comme le dit Geneviève Azam « La lutte de l’A69 est le symbole d’un vieux monde qui s’écroule et d’un Nouveau Monde qui émerge ».
Il faut gagner contre l’A69 !