Alain Biola, maire de Bassan (2 144 habitants) et Gérard Boyer, maire de Coulobres (364 habitants) ont décidé de rejoindre la majorité ménardienne de la communauté d'agglomération Béziers Méditerranée après avoir siégé dans les rangs de l'opposition. Ces deux transfuges justifient leur choix en invoquant leur désir de "travailler pour le bien commun" et leur volonté de "participer aux décisions".
Leur dissidence révèle surtout qu'en dehors de la majorité, le conseiller n'a aucune utilité, le conseil communautaire étant une simple "chambre d'enregistrement" des décisions politiques de l'exécutif et, presque exclusivement, du président; à la communauté d'agglomération de Béziers Méditerranée, les rôles sont alors inversés : c'est l'exécutif qui décide et le délibératif qui enregistre !
Mais les motivations exprimées ne disent pas tous les mobiles qui ont présidé à ce ralliement tardif : le plat de lentilles offert par Robert Ménard à ces deux inconstants futurs vice-présidents peut séduire les âpres au gain.
En effet, la participation à l'exécutif en qualité de vice-président s'accompagne du versement d'une indemnité mensuelle nette de 2 567.00 euros nets, soit plus de 2 fois le SMIC.
Le "plat de lentilles" renvoie à deux illustrations :
La première, issue de la Genèse :
Esaü rentre de chasse bredouille et il a très faim. Jacob prépare le repas et accepte de nourrir son frère affamé avec un plat de lentilles à condition qu’il lui cède son droit d’aînesse c’est à dire l’héritage de la famille. Esaü accepte mais leur père Isaac ne le sait pas. Il perd son droit d’aînesse, tout cela pour manger des lentilles (Genèse, XXV, 29-34).
La seconde, extraite de la Politeia de Diogène de Sinope :
Un jour, le philosophe Diogène mangeait dans la rue un plat de lentilles qu’une âme charitable lui avait apporté. Un citoyen bien en place, l’apercevant, lui dit : "Tout de même, Diogène, un homme tel que toi ! Si tu acceptais tant soit peu de flatter les puissants, tu n’en serais pas réduit à manger des lentilles !".
À quoi le philosophe répondit : "Et toi, si tu acceptais de manger des lentilles, tu n’en serais pas réduit à flatter les puissants !" (Diogène de Sinope, 413 - 327 av. J.C., rapporté par Zénon de Cition dans Politeia).
Ces deux anecdotes font irrésistiblement penser à ces deux maires qui, pour un plat de lentilles, ont rejoint le camp de l'extrême-droite ménardienne.