C’est Noël, nous sommes en 2035. La police des mœurs règne à Béziers comme à Téhéran. Tout a commencé à Béziers dans les années 2020 par la chasse aux mariages blancs. Ça a ensuite continué par la chasse aux mariages mixtes quand un gouvernement d’extrême droite a pris le pouvoir à la faveur d’élections présidentielles anticipées.
Noël 2035, nous sommes sur les allées Robert Ménard à Béziers. La statue de Paul Riquet qui montrait du doigt la direction du canal du midi a été fondue et remplacée par une statue de Robert Ménard qui montre « sa » mairie.
C’est là, dans cette mairie, que tout a commencé dans les années 2020.
C’est là, dans cette mairie, qu’il a détruit le « plafond de verre » de la chasse aux mariages blancs.
Au début quand il a interdit 2 mariages en 2 ans, pas grand monde n’y a porté attention. Il s’agissait du mariage d’une Française avec un Algérien et d’un Français avec une Gabonaise.
Les mariages avaient ensuite été interdits par la loi et les contrevenants expulsés du « territoire national ».
C’était la période de la théorie du grand remplacement, avant la pratique de son empêchement.
C’était avant que l’extrême droite prenne le pouvoir en France à la faveur d’élections présidentielles anticipées.
L’étranger était soupçonné de vouloir s’installer en France en détournant les liens sacrés du mariage.
Très vite les ministres de l’Intérieur de Marine Le Pen ont vu tout le profit qu’ils pouvaient tirer d’une chasse organisée aux mariages blancs et aux mariages mixtes.
Ce qui était artisanal et anecdotique à Béziers dans les années 2020 est devenu général et systématique en 2035.
Pour faire régner l’ordre, les ministres de l’Intérieur de la Présidente ont créé une police des mœurs.
Son rôle constitutionnel est de surveiller la pureté de la race. Pour cela, l’interdiction des mariages blancs et mixtes est devenue le support d’une immense machinerie politique et judiciaire.
Cette machinerie empêche légalement tout mariage mixte qu’il soit racial, culturel, religieux, politique, économique ou genré.
Depuis, personne ne peut circuler sur les allées Robert Ménard sans être contrôlé. On vérifie que les passants en couple ont le droit d’être ensemble.
Si ce n’est pas le cas, ils sont dirigés vers l’un des 20 centres de rétention administrative (CRA) du biterrois.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Éric Zemmour, veille avec zèle à l’application des nouvelles normes raciales.
Il défend le bilan du gouvernement dans la lutte contre l’immigration. Il affirme avec fierté : « Nous avons fermé le robinet. »
En effet, les étrangers sont aux mieux tolérés pour exercer les métiers en tension. Ils sont condamnés à rester célibataires et à vivre dans de nouveaux foyers fermés.
Celles et ceux qui ont eu des enfants métis dans la vie d’avant sont désignés à la vindicte populaire comme traîtres à la nation, à la race. Ils vivent comme des parias.
À Béziers, où tout a commencé, il arrive souvent que la police des mœurs fasse du zèle en traversant la ville sirène hurlante.
Depuis l’élection d’un maire RN, les employés municipaux sont d’ailleurs des policiers. Il y a la police des mœurs, la vieille police municipale (la mumu) et les nouvelles polices : religieuse, culturelle, politique, économique et sexuelle.
Le nouveau ministre de l’Intérieur évoque la création d’une police des naissances, mais elle n’a pas encore été décidée par la Présidente.
Marine Le Pen vient chaque année rendre hommage à la statue de Robert Ménard sur « ses » allées à Béziers.
Elle ne nie pas ses profonds désaccords passés, mais reconnait que l’ancien maire de Béziers a ouvert la voie, indiqué la marche à suivre à la France entière.
Noël 2035, la femme de Robert Ménard, ancienne députée, s’insurge contre la récupération de la mémoire et l’œuvre de son mari par le RN.
Marine Le Pen la traite de mauvaise perdante qui ne représente qu’elle-même. Elle lui reproche d’être hermétique à l’ampleur de la tâche réalisée grâce à l’implication de tous les patriotes.
Au premier rang desquels elle place Robert Ménard.