La conférence de presse censée détailler la vente de l’ASBH a un groupe d’investisseurs a fait l’effet d’un pétard mouillé. Ceux qui voulaient connaître les détails de la reprise du club sont restés sur leur faim.
La montagne aura donc accouché d’une souris. La conférence de presse annoncée depuis des semaines dans le genre : « le 7 novembre on vous dit tout ! » ne nous aura appris qu’une seule chose, Béziers n’est plus le seul club de rugby professionnel municipal au monde.
Le faux suspens entretenu par le maître des horloges biterroises s’est révélé être surtout l’occasion de se débarrasser d’une patate chaude : la propriété de l’ASBH.
Il faut dire que la propriété du club par la ville avait été épinglée par la Chambre des comptes d’Occitanie. La ville de Béziers restant à la merci d’une plainte en justice qui reprenait les arguments de la Chambre des comptes (voir article précédent sur ce site dans la rubrique « politique locale »).
Un consortium privé est donc désormais propriétaire de l’ASBH. Il en détient 75 % des parts, le reste étant la propriété d’investisseurs locaux et régionaux. Ces 75 % représentent l’ancien capital de la ville, soit suivant le quotidien Midi Libre 1,70 million d’euros. Il est à noter que ce montant n’est pas officiel et qu’il n’a pas été décliné lors de la conférence de presse.
La SCIC créée par la mairie en 2021 a donc changé de propriétaires.
Andrew Mehrtens ancien international néo-zélandais semble être la cheville ouvrière de ce rachat. Il est destiné à devenir le futur président du club.
Autour de lui se sont regroupés d’autres joueurs de rugby et des hommes d’affaires qui se définissent comme « des investisseurs ».
Leurs discours lors de cette conférence de presse auront donné lieu à des banalités et lieux communs : « Nous ne sommes pas là pour créer un club d’étrangers. L’ASBH doit rester Biterroise et Française. », dans une ville dirigée par l’extrême droite.
Pour ce qui concerne l’aspect financier, l’ancien demi d’ouverture international a commencé par taper en touche : « Nous cherchons à augmenter le budget. Il faut prendre le temps de le faire et c’est l’analyse que nous allons faire dans plusieurs mois. »
Pour ce qui est de l’organigramme du club, il y aurait 2 coprésidents Andrew Mehrtens et Robert Skinstad (ancien international sud-africain), mais, « ils ne seront pas omniprésents au club ». Idem pour l’autre homme fort du consortium, Eddie Jordan.
Au milieu de ce brouillard londonien entretenu par les nouveaux propriétaires d’outre-manche, le ravi de la crèche, c’est le maire de Béziers.
Non content de s’être débarrassé de la patate chaude, il se débarrasse des dettes municipales.
La ville de Béziers resterait toutefois propriétaire de 2 à 3 % des actifs du club et aurait des membres désignés au prochain conseil de surveillance.
Au final, il reste donc pas mal de questions en suspens et pas des moindres. Il manque des épisodes à la « story-telling » de ce rachat du club. En particulier les épisodes administratifs, sportifs et financiers, une paille !
Pour ce qui est du roman du rachat, la qualité d’ancien international n’est pas une assurance tout risque en soi.
Nos voisins Narbonnais du RCNM en savent quelque chose.
Ils ont été rachetés il y a quelques années par des investisseurs Australiens qui se présentaient aussi sous la forme d’un consortium. Ces investisseurs sont partis en laissant le club dans la panade.
Rocky Elsom, ex-président du club et ancien international de renom (75 sélections avec l’Australie) est visé par un mandat international pour « faux et usages de faux », ordonné le 11 octobre dernier par le tribunal de Narbonne.
Sa gestion du club entre 2015 et 2016 est particulièrement visée.
Trois semaines après sa condamnation des policiers irlandais sont venus frapper à sa porte à Dublin.
L’ancien international aurait fui l’Irlande sitôt le mandat international lancé.
Contrairement au roman à l’eau de rose que nous vend le maire de Béziers, le monde des investisseurs n’est pas un monde de « bisounours ».
En sport comme ailleurs, les millions d’euros attirent différents profils et aventuriers.
Sans entamer un procès d’intention par anticipation, les nouveaux propriétaires doivent des explications.
Ils doivent présenter un projet administratif, sportif et financier beaucoup plus précis que les bribes et lieux communs servis à la conférence de presse du 7 novembre dernier.