Le 27 mai a été dévoilé par Ménard le buste de Giacomo Matteotti, député socialiste opposant aux fascistes Italiens, enlevé et tué le 10 juin 1924, dont le corps a été retrouvé le 12 août le long d’un canal. La violence des fascistes ne date pas de là : déjà à partir de 1919, lors du biennio rosso, 2 ans de luttes sociales puissantes tant de la part des ouvriers du nord que des fermiers du sud, ils incendiaient les chambres du travail, violentaient physiquement les socialistes.

Ils ont ensuite marché sur Rome en octobre 1922 avec 25 000 hommes, les camicie nere, faisant plier le roi Vittorio Emanuele 2 qui leur concéda le pouvoir, puis expulsé le parti populaire du gouvernement en avril 1923.

Les élections générales du 6 avril avaient donné aux fascistes une confortable majorité, mais la campagne comme le scrutin avaient été truffés de malfaçons : assassinat d’un candidat socialiste, non-respect du secret du vote, accompagnement des électeurs vers les urnes organisé par les fascistes, intimidations des concurrents de manière à les empêcher de faire campagne. C’est cela qu’a dénoncé Matteotti lors d’un discours fracassant à l’Assemblée, en s’appuyant sur une immense documentation qu’il a recueillie et un ouvrage qu’il publie. Or, Robert Ménard s’en tient à : « il prend un à un les arguments du régime fasciste et les démonte, sous les yeux de celui qui sait qu’il peut faire en sorte qu’il ne vivra pas », et le JDB : « Le tribun dénonce notamment les récentes élections qui se sont déroulées dans un climat de violence inouïe. »

Selon Ménard, il sera poignardé quelques mois plus tard par des petites crapules du régime fasciste, sauf qu’en réalité, il sera démontré beaucoup plus tard que Mussolini avait tout commandité. Mussolini a même intercédé auprès des juges pour faire requalifier le crime, d’homicide volontaire à homicide involontaire. Pour mieux se dédouaner et répondre à l’attente de la population, il fait faire arrêter des fascistes de premier plan, notamment Rossi, son bras droit, qui, en prison déclarera dans ses lettres que Mussolini avait tout commandité. Pire, Ménard déclare que quelques mois plus tard Mussolini assumera la responsabilité de cet assassinat. C’est faux : devant l’Assemblée, il reconnaît uniquement une responsabilité politique, s’excusant d’avoir pu donner l’impression que ce genre d’agissements pourrait être toléré.mussolini 2

Lors de son discours, ainsi que dans le JDB, il apparaît clairement qu’il s’agit bien d’une récupération politique, et surtout, contrenature : « votre refus vaut mieux que 1000 acquiescements », ou encore « dans certaines circonstances, il faut se lever au sens propre ».

Ménard oppose donc « un anti-fasciste, un vrai », aux « antifascistes de pacotille qui s’autoproclament résistants », mais n’y a-t-il pas un glissement vers le fascisme dans notre pays, qualifié par l’ONU de « démocratie défaillante » et qui n’a pas fini de s’enfoncer avec la proposition de loi Sécurité globale lui valant d’être rappelée à l’ordre par l’ONU ?

 

Sources

https://www.ville-beziers.fr/fileadmin/mediatheque/kiosque/magazine/JDB_15_MAI_02_SITE.pdf
https://www.ldh-france.org/loi-securite-globale-la-france-rapellee-a-lordre-par-lonu/
https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-04-fevrier-2021