16 juin. Juste avant les élections, voici quelques déclarations des candidats RN aux départementales :
- Bruno Lerognon (ancien commandant de police à la retraite et candidat à Pézenas) s’en prend aux mineurs non accompagnés (mineurs ayant fuient les guerres pour chercher un pays refuge). Pour le candidat RN « Le département encourage la fraude à l’immigration et la fraude sociale. » Il ajoute : « Un mineur non accompagné (MNA) coute 50 000 €. On arrive ainsi à 45 millions € de dépense pour ce poste soit les deux tiers du budget consacré aux collèges. » Bien sûr pour lui « il faut revenir à une gestion à l’euro près et chercher des économies, notamment en créant un outil de surveillance à la fraude au RSA et en diminuant les dépenses de fonctionnement. » Aussi comme Jean-Paul Garraud, il voudrait « sécuriser les abords des collèges et des crèches avec caméras » et en bon libéral « baisser les charges des entreprises pour qu’elles embauchent ».
- Stéphanie Galzy et Giles Charpentier, candidats RN à Cazouls-lez-Béziers, veulent eux aussi faire des économies et « réduire la fraude à la solidarité ».
- Laurent Claisse-Kerviel, candidat RN à Clermont l’Héraut, explique : « Il est temps d’envisager une refonte en profondeur des dépenses publiques. Je ne suis pas contre les aides sociales quand elles sont justifiées, mais selon moi, financer des mineurs isolés étrangers, aider au logement des clandestins se fait au détriment des aides publiques en faveur de l’éducation de nos enfants, le bien-être de nos ainés et l’insertion des personnes en situation de handicap. » Tout cela c’est le programme plutôt policé du RN.
Mais en Occitanie (dans l’Aude) un candidat-remplaçant RN dans le canton de Castelnaudary s’est un peu plus lâché sur sa vision du monde et notamment des migrants. Henri Lopez Terres a laissé quelques assertions sur sa page Facebook du style : « Arabes, migrants et cafards, qu’ils soient mineurs ou pas, sont des nuisibles ! Quand je trouve une famille de cafards prête à s’installer dans mes placards, je n’épargne jamais les petits, parce qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre que ces petits cafards deviendront un jour de très gros cafards, et sûrement pas de gentilles coccinelles… Aucune pitié n’est de mise. C’est une simple question de survie. »
Ou encore le 18 mai 2021 dernier au sujet du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qu’il appelle "Moussa Douar-malin" : « Il mérite une mention spéciale pour son traitement de la vente de crack sur la place Stalingrad à Paris : chacun sait depuis des mois qu’elle est assurée à 95 % par des Sénégalais (présumés mineurs mais pour la plupart quadragénaires), et au lieu de les renvoyer à la mer avec une pierre autour du cou, voilà qu’il les isole en les décalant à 500 mètres de leurs lieux d’exaction, en transformant le Jardin d’Éole en parc animalier, où les enfants qu’ils terrorisaient à Stalingrad vont pouvoir enfin aller se détendre, en jetant des bananes et des cacahuètes par-dessus les grillages à ces singes assassins. » Enfin le 25 mai dernier, Henri Lopez Terres évoque l’équipe de France de football en ces termes : « Cette équipe des ‘‘bleus’’ qu’on voudrait nous faire passer pour des héros nationaux modernes. Alors qu’elle n’est qu’une troupe de singes à peine bons à courir derrière un ballon mais surtout actifs pour cracher dans la soupe qui les nourrit. Il faut commencer à penser à construire le balai géant avec lequel on va foutre toute cette fange à la mer ! »
16 juin. En 2017, deux associations féministes avaient dénoncé et porté plainte contre une campagne d’affichage dans la ville de Béziers montrant un homme étranglant une femme affublée du slogan « Dotations, emplois aidés, logement, subventions... L’État étrangle les communes ». Hélas, en appel, la justice vient de rendre son verdict et donner raison à Robert Ménard. Les juges ont quand même admis que l’affiche utilise un « ton provocateur » mais qu’elle « ne porte pas de message à connotation sexiste et menaçant pour les femmes ». Étrange !
18 juin. On se souvient des militaires qui avaient lancé une pétition via le magazine Valeurs actuelles (signée par le couple Ménard) pour expliquer qu’ils allaient rétablir l’ordre par les armes si cela continuait. Maintenant un de ces signataires, Dominque Delawarde, général à la retraite est interviewé sur C.News. À la question du journaliste Claude Posternak lui demandant d’expliquer ce qu’il entendait par « la meute médiatique occidentale qui a le contrôle » il a répondu tranquillement, et en souriant : « Vous savez bien qui contrôle la meute médiatique dans le monde et en France. Qui contrôle le Washington Post, le New York Times, chez nous BFMTV et tous les journaux qui viennent se grouper autour ? » Devant l’insistance de Claude Posternak pour savoir qui, il a alors répondu : « C’est la communauté que vous connaissez bien » (sous-entendant la communauté juive). L’animateur de l’émission, Jean-Marc Morandini, est alors intervenu : « On ne peut pas laisser dire ça sur l’antenne, je suis désolé, on coupe, on enlève le général, C’est surréaliste. »
20 juin. 1er tour des élections régionales et départementales. Pour les élections régionales : Donné par les sondages en tête dans six régions sur treize, dont trois régions gagnables, le Rassemblement national (RN) recule partout en France. Il ne se hisse de justesse en tête que dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). En Occitanie, une région sur laquelle misait le RN, Jean-Paul Garraud, donné par les sondages à près de 33 % des voix, n’en a rassemblé que 22,61 %, très loin derrière la présidente socialiste sortante, Carole Delga (39,57 %). Louis Aliot avait lui obtenu dix points de plus en 2015. Ouf, on respire ! Cela dit, il semblerait que le RN a été pénalisé par l’abstention. En effet, selon un sondage, 73 % des électeurs qui disent avoir voté pour Marine Le Pen en 2017 ne se sont pas déplacés. Le plus grand gagnant de ce scrutin a été l’abstention (62,76% pour l’Occitane et 66,71% pour l’Hérault). Cela remet sérieusement en cause l’idée d’une véritable démocratie représentative.
À noter tout de même que dans 2 départements, les scores de l’extrême droite frôlent ceux de Carole Delga :
Gard Delga 33,47% Garraud 31,75%.
Pyrénées-Orientales Delga 33,95% Garraud33,25%
Autour de Béziers, Jean-Paul Garraud obtient un très bon score autour de 45%. Pour les élections départementales, les candidats pro-Ménard dans les trois cantons autour de Béziers sont arrivés en tête. À noter que sur les trois binômes il y a quand même un ancien DGSE et gérant d’une entreprise de sécurité (Gilles Sacaze), un ancien officier de police à la retraite (Denis Marsala) et une directrice d’une école catholique privée (Nicole Zénon) et une enseignante également dans le privé (Marie Hirth). Deux sur trois ont dépassé la barre des 50% mais doivent passer un deuxième tour car il n’y avait pas assez de votants :
Canton Béziers 1 : Marie Hirth-Denis Marsala 46,26 % / Canton Béziers 2 : Marie-Emmanuelle Camous-Gilles Sacaze, 63,92 % / Canton Béziers 3 : Jean-Louis Respaud-Nicole Zenon 55,43 %.
Partout ailleurs, les candidats RN du département sont arrivés en seconde position sauf dans 4 cantons (Sète, Montpellier 5, Montpellier-Castelnau et à St Gely du Fesc).
Voilà les autres résultats du RN :
Agde : Henri Couquet et Fabienne Varesano (RN) 36,91% / Cazouls-les-Béziers : Stéphanie Galzy et Gilles Parmentier 35,98% / Clermont-L’Hérault : Laurent Claidsse et Laurence Delacour 26,75% / Le Crès : Claude Chabert et Lauriane Trois 28,36% / Frontignan : Patricia Andrieu et Gérard Prato 36,93% / Gignac : Martine Herbaut et Loïc Teyssier 30% / Lattes : Sylviane Lecoq et Fabrice Thierry 31,52% / Lodève : Patricia Fauquier et Chris-Valéry Leynaud 25,11% / Lunel : Isabelle Buffet et Guillaume Vouzellaud 34,38% (plus de 70% d’abstention) / Maugio : Laurence Cavaillez et Stéphanie Vincent (RN) 36,92% arrivent en tête / Pézenas : Laetitia Brun. Bruno Lerognon 33,87% / Pignan : Katia Boulangeat et Thierry Tsagalos 29,07% / Saint-Pons de Thomières :Virginie Alcina et Gilles Laigre 23,98%
Ce soir-là, sur France 3, une journaliste a interrogé en direct Robert Ménard en lui demandant s’il n’était pas trop déçu par le résultat de Jean-Paul Garraud. Question simple mais le maire de Béziers s’est emporté en expliquant : « Je ne fais pas partie du RN, je ne suis pas d’extrême droite, moi je suis pour l’union des droites. Demandez à vos interlocuteurs (qui sont sur le plateau). Moi je ne m’occupe que de Béziers. » Or c’est bien Robert Ménard qui est en photo sur les tracts électoraux de Jean-Paul Garraud, aux côtés des maires extrémistes du RN, Louis Aliot (Perpignan) et Julien Sanchez (Beaucaire). Comme d’habitude, quand le maire de Béziers n’aime pas répondre à une question, il préfère mentir ouvertement.
22 juin. Le candidat du RN Jean-Paul Garraud n’a récolté que 22,61 % des suffrages au premier tour. Il a donc réuni ses soutiens médiatiques (Louis Aliot, Julien Sanchez et Robert Ménard) à Narbonne, afin de susciter un sursaut de son électorat. Pour le maire de Beaucaire, Julien Sanchez, Carole Delga n’est qu’une « gauchiste passionaria… qui hait tous ceux qui ne sont pas de son camp ». De son côté, Robert Ménard a lui aussi dénoncé « le sectarisme invraisemblable » de la majorité socialiste à la Région et les subventions accordées à SOS Méditerranée tout en ajoutant que ces élections étaient un échec : « Il faut s’interroger sur : comment limiter les dégâts, l’abstention n’est pas la seule explication ». Enfin, Louis Aliot, le maire de Perpignan, espère une mobilisation au-delà de son électorat contre une « Carole Delga qui veut le pouvoir total, voire totalitaire ».
27 juin. Résultat du 2ème tour des élections régionales et départementales. L’abstention a encore été très forte dans toute l’Occitane (62,17%) malgré les appels au civisme…Pour les régionales Carole Delga l’emporte largement avec 57,77 des voix. Jean-Paul Garraud ne fait pas beaucoup mieux qu’au 1er tour. Il obtient 24% des voix au niveau de toute la région dont
- 29,71% dans l’Hérault
- 33,31% dans le Gard
- 35,98 % dans les Pyrénées orientales.
Le candidat LR obtient lui 18,22 % des voix au niveau de la région.
Pour les élections départementales, les candidats pro-Ménard dans les trois cantons autour de Béziers l’emportent assez largement :
Béziers 1 53,35% avec 5512 voix.(une perte de 2384 voix par rapport à 2015)
Béziers 2 67,68% avec 4770 voix (une perte de 1076 voix par rapport à 2015)
Béziers 3 65,24% avec 6200 voix une perte de 2252 voix par rapport à 2015)
Mais ailleurs dans tout le département aucun membre RN n’a été élu. Leur score a très faiblement progressé. Cela dit, ils obtiennent quand même entre 23% et 40% des voix.
Voilà, le résultat en pourcentage de voix exprimés pour les candidats estampillés RN :
Agde 35,86% / Lattes 34,49% / Montpellier 2, 23,88% / Cazouls-les-Béziers 36,24% / Lodève 28,16% / Montpellier 3, 25,37% / Clermont-L’Hérault 32,38% / Lunel :38,22% / Montpellier 4, 30,07% / Le Crès 28,98% / Maugio 40,40% / Pézenas 34,68% / Frontignan 43,33% / Mèze 30,52%/ Pignan 31,31% /Gignac 30,27% Montpellier 1, 26,02% / Saint-Pons de Thomières 27,81%.
Mais le score du RN en France ou dans le département n’a pas été à la hauteur de leur ambition (et c’est tant mieux). Aussi, on a assisté à une vague de contestation et de démission au sein de ce mouvement extrémiste. Dans l’Hérault, dès le lendemain, Bruno Lerognon, délégué départemental du Rassemblement national qui a été largement battu au deuxième tour dans le canton de Pézenas par le binôme socialiste décide de quitter ses fonctions. Cet ancien commandant de police a non seulement déploré la faible mobilisation de l'électorat RN mais aussi la « stratégie d'ouverture » de son parti, en particulier dans la construction de la liste régionale. Aussi, pour lui : « En ouvrant très large, on pensait séduire de manière plus vaste. Cette analyse n'était pas bonne. En voulant additionner les électorats, on fait aussi des soustractions ! » dit-il. « Cette liste régionale intégrant des transfuges « qui ne sont pas des historiques du parti a conduit le RN à la perte de son électorat authentique, enraciné, qui ne s'y retrouve pas ». Et visiblement, il n’a pas apprécié de se retrouver cantonné à Pézenas pour les départementales : « Il est de coutume que les responsables départementaux se trouvent en position éligible sur les listes régionales » affirme-t-il. « Au lieu de ça, on a incorporé des gens qui n'ont pas fait leurs preuves et dont on ne connait pas les motivations réelles ». Alors estimant qu'on ne lui a pas donné les moyens d'assumer sa fonction, il abandonne sa fonction de délégué en appelant à « rétablir le fonctionnement pyramidal du mouvement ».
À Sète, c’est Myriam Roques, conseillère régionale RN sortante, écartée lors des dernières municipales à Sète, qui annonce son départ du RN. Dans sa critique, elle rejoint Bruno Lerognon. Pour elle, « Marine Le Pen a tellement lissé son discours qu'elle s'est éloignée de l'attente des Français » et elle affirme : « Il y a eu une véritable purge au sein du RN. On m'a bloqué mon investiture aux municipales. Derrière tout cela, il y a plusieurs personnes C'est essentiellement de la magouille. Ils se distribuent les postes les uns les autres et à un moment donné, je dérangeais… Sébastien Pacull (le nouveau chef de file du RN qui vient des Républicains) n’apportait aucune plus-value à l'élection municipale. Il aurait dû se ranger derrière moi étant donné que j'avais fait de très bons scores et c'est l'inverse. Marine et Robert Ménard voulaient faire cette ouverture, faire descendre la presse nationale. J'ai dit mon désaccord total. Et cette union des droites est un véritable échec… À partir du moment où j'ai manifesté mon désaccord, j'étais la femme à abattre. Je ne suis pas la seule ! (. ) Cette union des droites telle qu'elle est faite je n'y crois pas. On ne peut pas gagner en éliminant les personnes implantées qui ont fait les meilleurs scores. Souvent, en politique, les hommes sont misogynes et aveuglés par l'orgueil. Ils ont besoin de reconnaissance. Cela les perd. Nous, les femmes, on n'a pas cette conception : on a des idéaux. On veut changer les choses. (. ) On a vu tous ces LR déferler, par pur opportunisme, pour venir prendre les places de certains, comme moi à Sète. Ils se sont plantés. Il n'y a pas de respect. Ces gens pensent écraser les autres sur leur passage. Mais ce n'est pas comme ça que l'on fait de la politique. Moi, ils m'ont anéantie 30 ans d'implantation, de travail de terrain. Et il n'y a pas de respect de la base, des militants. Et Marine est en dessous de tout. C'est pour cela que ça ne marche plus ce parti. …Le RN, pour moi, c'est sûr, c'est fini. Les trahisons je ne peux pas les accepter. Après, je ne sais pas ».