(A relire ) L’État défend l’accès à l’eau pour l’agrobusiness et l’industrie comme il avait défendu la construction des centrales nucléaires dans les années 1970.
Le 31 juillet 1977, il interdit une manifestation contre le chantier de construction de la centrale de Creys-Malville (Baptisée Superphénix) en Isère. Ce jour-là, la circulation est interdite dans une zone de 5 kilomètres autour du chantier. Plusieurs milliers de policiers sont en position dopés par les consignes de leur hiérarchie. La manifestation se solde par une centaine de blessés, deux mutilés et la mort d’un manifestant : Vital Michalon.
À cette époque, l’État nous vantait une centrale nucléaire dernier cri qui fut un fiasco technologique.
J’étais à Creys-Malville, je n’étais pas à Sainte Soline. Je me rappelle la violence policière. Elle était surement comparable à celle de Sainte Soline. Ce fut l’horreur, pas l’horreur des gaz lacrymogènes, l’horreur des projectiles tirés par la police qui tombaient partout. L’horreur des détonations qui transformaient la campagne en champs de bataille.
Comme le racontent les camarades qui étaient à Sainte Soline, c’était la guerre.
Cette guerre je l’ai subie, je n’ai pas le sentiment de l’avoir initiée. J’allais manifester, simplement. J’ai bien lancé quelques cailloux quand la rage d’être bombardé m’a envahi. Si des caméras de BFMTV avaient été présentes elles m’auraient surement montré avec des milliers d’autres. J’étais loin d’être un écoterroriste, à l’époque ça n’existait pas. Je n’étais pas fiché S, à l’époque ça n’existait pas. J’avais une conscience environnementale limitée à la question du nucléaire qui me semblait une aberration.
Aujourd’hui, 46 ans après Creys-Malville, l’État vend des EPR qui ne marchent pas comme il vendait des Super-Générateurs qui n’ont pas marché.
Aujourd’hui, 46 ans après Creys-Malville, l’État ne sait toujours pas quoi faire des déchets nucléaires.
Les faits nous ont donné raison. Il fallait être à Creys-Malville comme il faudra être aux nouvelles mobilisations contre les Mégabassines.
Pas, comme tente de faire croire Darmanin : « Pour faire la guerre ». Mais à l’inverse pour parier sur la vie.
L’accès à l’eau sera le combat central des décades à venir, comme le nucléaire a été le combat central des décades passées.
Face à la pénurie qui s’annonce les Mégabassines ne profitent qu’à 6 % des agriculteurs du département des Deux-Sèvres.
Ces agriculteurs accaparent la terre, l’eau, contrôlent les marchés agroalimentaires. Ils sont totalement liés aux agro-industriels, à la FNSEA et contrôlent le ministère de l’Agriculture.
Ce même ministère de L’Agriculture qui autorise le glyphosate et les néonicotinoïdes et supprime les aides au maintien à l’agriculture biologique.
Pour la mémoire de Vital Michalon mort en 1977 à Creys-Malville et de Rémy Fraisse mort à Sivens en 2014.
Pour un avenir qui tienne compte des grands défis qui sont posés à l’humanité.
Il faut que les Mégabassines soient le Waterloo de ce pouvoir qui est aussi violent sur les questions sociales qu’écologiques.