Dans un monde où les noms de Tchernobyl et Fukushima résonnent encore et sont synonymes de catastrophes ... il a osé ! Dans une France déjà sur nucléarisée mais qui compte de nombreuses centrales en panne mettant en péril l'alimentation électrique du pays... il a osé !
Dans une aventure technologique désespérante qui cumule retards et coûts exorbitants... il a osé !
Alors que nous ne savons toujours pas quoi faire de nos déchets nucléaires ... il a osé !
Alors que nous ne savons pas démanteler nos centrales ... il a osé !
Alors que nous prenons des risques en prolongeant l'âge de vie de nos centrales ... il a osé !
Alors que l'argument de l'indépendance est hors sujet puisque la France ne produit pas d'uranium ... il a osé !
Alors que RTE proposait d'autres scénarios... il a osé !
Dans une période où la démocratie joue sa crédibilité... il a osé !
Emmanuel Macron a eu le culot d'annoncer du haut de sa superbe, deux mois avant l'élection présidentielle, ses décisions en matière énergétique lors d’un show grandiloquent avec une mise en scène gaullienne.
And the winner is ..... le nucléaire français évidemment !
Avec 14 nouveaux réacteurs EPR, l’irresponsabilité est en marche dans un projet antidémocratique, hors de prix et un leurre dans la lutte contre le changement climatique.
En une dizaine de minutes, le président-candidat a annoncé un programme pharaonique de relance tous azimuts du nucléaire. En fin de mandat, il réalise ainsi un carton plein pour répondre à tous les désirs de la filière. En mettant la population devant le fait accompli de ces annonces, Emmanuel Macron fait en plus preuve d’un immense mépris pour la démocratie.
À aucun moment, il n’a été envisagé de soumettre aux citoyens ou à leurs représentants ces projets, qui relèvent d’un choix de société et enfermeraient notre pays pour encore près d’un siècle dans une voie dangereuse et aberrante.
Le bourbier sans fin de l’EPR de Flamanville, ses 11 ans de retard, ses coûts phénoménaux et son avalanche de malfaçons, n’ont donc pas servi de leçon pour que la France décide de reproduire cette sinistre aventure en 14 exemplaires ?
Alors que nous nous acheminons vers un monde plus incertain, marqué par les phénomènes climatiques extrêmes, l’urgence devrait être de tabler sur un système énergétique sobre, renouvelable et résilient. Pas sur la relance d’une technologie complexe, dangereuse, vulnérable aux aléas et productrice de déchets ingérables (à propos desquels, bien opportunément, il ne touche pas un mot par ailleurs) ! Où seraient construits ces 14 nouveaux réacteurs ? Sur des littoraux menacés de submersion ? Sur des cours d’eau dont le débit deviendra trop bas ?
Présenter ce projet comme incontournable est aussi révoltant que fallacieux. De manière mensongère, Emmanuel Macron prétend que ces constructions massives et toutes ces prolongations seraient indispensables pour atteindre la neutralité carbone, « oubliant » que les travaux de RTE avaient démontré, voici quelques mois, que cet objectif pouvait aussi être atteint grâce au 100 % renouvelable et ce sans remettre en question la sécurité d’approvisionnement.
Emmanuel Macron, président en campagne, n’est malheureusement pas le seul à faire allégeance au lobby de l’atome. Parmi la majorité des candidats à l’élection présidentielle, la surenchère règne : c’est à qui construira le plus de réacteurs petits ou gros, à qui reviendra sur des fermetures déjà annoncées voire tentera de ressusciter des sites déjà fermés, quitte à multiplier les promesses bidons. La défense du nucléaire tient lieu de totem masquant le vide souvent abyssal de leurs engagements sur l’environnement et le climat.
Cette surenchère apparaît profondément hors sol, alors que l'immense majorité des français s'avoue préoccupée par le risque nucléaire.
À quel prix se fera cette relance qui ne bénéficiera qu’aux industriels du secteur ? En taillant dans quels budgets pour y prélever l’argent public nécessaire ? Celui de la santé ou celui de l'éducation ?