Ceux qui prirent les armes en solidarité avec les nazis ne représentent pas quelques milliers d’agités. Les historiens estiment au bas mot leurs effectifs à 50 000 engagés.

Certains combattaient dans des formations qui étaient intégrées à la wehrmacht, dans la NSKK (National-Sozialistisches Kraftkorps) initialement chargée des réparations dans la Luftwaffe (l’aviation allemande). Elles se transformèrent ensuite en unités combattantes. D’autres avaient intégrés les Schutz-Kommandos, qui surveillaient les travailleurs requis pour la construction du mur de l’Atlantique. D’autres étaient intégrés à la Kriegsmarine pour protéger ses installations. D’autres se battaient dans des unités de la Fliegerabwehrkanone, (FLAK) l’artillerie antiaérienne allemande.

À côté de ses intégrations dans l’armée allemande, trois formations militaires françaises ont combattu au côté des nazis avec un statut spécial sur lequel nous reviendrons : la Légion des Volontaires français contre le bolchévisme (LVF), la brigade d’assaut SS France, la division Charlemagne.

La LVF                                                                                                                                                               

Le projet de prendre part à une croisade anticommuniste est adopté le 22 juin 1941 par deux des chefs collaborationnistes : Eugène Deloncle pour le MSR et Jacques Doriot pour le PPF. Initialement réticent l’état-major nazi accepte le projet en imposant des conditions strictes qui concernent l’uniforme et la limitation des engagements (15 000 hommes). Pour Vichy la LVF est une association de droit privé, dans laquelle les volontaires s’engagent à titre individuel.

Le 18 juillet 1941 au vélodrome d’hiver la LVF est officiellement créée par le ban et l’arrière-ban collaborationnistes.

La LVF dirigée par un comité central, était présidée à tour de rôle par des responsables collaborationnistes. Le premier contingent de la LVF part le 4 novembre 1941. Il rassemble un millier de combattants qui portent obligatoirement l’uniforme de la wehrmacht.

Seul un écusson portant le mot « France » indiquait l’origine de ces bataillons. La raison évoquée de cette assimilation était que Vichy n’avait pas déclaré la guerre à l’URSS.

Les volontaires de la LVF devaient prêter serment à Adolf Hitler chef des armées.

Ce premier contingent est décimé sur le front russe.

Le 17 février 1943, la LVF est reconstituée. Un nouveau bataillon de près de 4 000 volontaires est engagé. La LVF livre son dernier combat sur les bords de la Bérézina le 27 juin 1944 en tentant de retarder l’avance de l’armée rouge. Elle est quasiment anéantie.

Le 20 novembre la LVF est dissoute et ses rescapés sont intégrés sans possibilités de recours dans la division SS Charlemagne.

La brigade d’assaut SS « France »

Deux ans après la création de la LVF des volontaires français s’engagent dans un des corps d’élite des armées du Reich : la brigade d’assaut France, Die Sturmbrigade Frankreich intégrée à la SS.

Après la création d’une légion scandinave, hollandaise, flamande, wallonne, balte et suisse Hitler autorise la création d’une légion SS France.

Près de 3 000 volontaires rejoignent cette formation ce sont des soldats d’élite qui combattent pour l’émergence d’une « Europe nouvelle » totalement régénérée par le national-socialisme. Tout était hitlérien dans leur fonctionnement y compris le tatouage du groupe sanguin sous l’aisselle gauche et bien sûr le serment au chef des armées.

Cette Sturmbrigade, perd la majorité de ses volontaires sur le front ukrainien. Replié en Poméranie, le reste de ses effectifs est aussi intégré dans la division SS Charlemagne.

La division SS Charlemagne

La division SS Charlemagne est l’une des 38 divisions SS de toutes nationalités constituées pour défendre le Reich quand il est attaqué sur son propre territoire. Son nom est lié à l’empereur binational Charlemagne. Cette division est constituée des restes des différents corps d’armée cités précédemment. Lors de sa constitution à l’automne 1944 elle regroupe entre 8 000 et 10 000 combattants, dont de nombreux miliciens qui ont fui la France. Comme waffen SS, ces combattants reçoivent le tatouage rituel de la SS et jurent fidélité à Adolf Hitler. La division Charlemagne est engagée dans les combats qui retardent l’invasion de l’Allemagne. Ces effectifs sont décimés. On estime à environ 10 % les combattants qui ont survécu. Certains d’entre eux assureront la continuité en participant à la création du « Front National » de Jean Marie Le Pen.

Des nationalistes revendiqués prirent donc les armes sous l’uniforme nazi pour défendre et promouvoir leur idéal politique. Ils sacrifièrent au passage toute indépendance nationale. Dans un premier temps le régime de Vichy fut au minimum complaisant avec ces soldats perdus de la « Révolution nationale ». À partir de la fin de l’année 1942 il favorisa de fait la collaboration militaire

 

Cet article est issu de notes de lectures des livres suivants : Jean-Luc Leleu « La waffen SS. Soldats politiques en guerre » édité chez Perrin en 2008 et Pierre Giolitto « Volontaires français sous l’uniforme allemand » édité chez Perrin en 1999