Le terme « collaborationniste » désigne ceux qui étaient convaincus de la victoire du Reich et voulaient la conforter. Ils exerçaient une pression constante sur le régime de Vichy pour qu’il s’engage totalement dans une collaboration économique et politique avec le régime nazi.
Initialement pourtant, le nazisme fait peu d’émules en France dans les années 1930. Il y avait en revanche pléthore de droites réactionnaires, nationalistes, factieuses, fascistes. Elles se réclamaient toutes d’une forme de totalitarisme ou d’autoritarisme.
Je vous propose une revue d’effectif de ces droites qui vont toutes devenir des soutiens inconditionnels du nazisme :
- le Francisme : Le Francisme est fondé en 1933 par Marcel Bucard un ancien combattant adepte des « faisceaux de combat » italiens. Très logiquement le Francisme mime le Fascisme Mussolinien mais il mobilise très partiellement. Après avoir activement soutenu Vichy le Francisme s’en écarte à partir de 1941 et prône une « véritable révolution nationale » sur le mode Italien.
- le Rassemblement National Populaire : Co fondé en juin 1941 par Eugène Deloncle et Marcel Déat, le RNP oscille entre une ligne activiste incarnée par Deloncle et une ligne d’alternative au Vichysme incarnée par Déat. En 1942 la ligne alternative l’emporte. Venu de la SFIO Déat prône la constitution d’un parti unique qui aura pour tâche d’accomplir la « révolution nationale ». En juillet 1942 le RNP existe en zone sud et nord. Il dispose de 20 000 militants et d’une presse qui tire à 120 000 exemplaires. Marginalisé par l’occupant il se perd dans la collaboration policière et militaire.
- le Parti Populaire Français : le PPF occupe une place majeure chez les collaborationnistes. Par ses adhérents (50 000), par sa capacité à agir sur le terrain politique, par sa presse qui tire à 200 000 exemplaires. Le PPF est fondé en 1936 par Jacques Doriot, c’est une alternative au Front Populaire. Ancien dirigeant communiste, Doriot à disputé le poste de secrétaire général du PCF à Maurice Thorez. Il tente d’arracher la classe ouvrière à l’attraction du PCF. Le culte du chef institué dans le PPF l’amène vers une dérive fasciste graduelle qui culmine avec son engagement armé dans la wermacht.
- le groupe collaboration : le groupe collaboration se présente comme uniquement « culturel ». Très lié à l’occupant allemand il est dirigé par Alphonse De Chateaubriant. Il se donne pour mission dès 1940 d’enrôler l’élite nationale dans la « réconciliation franco-allemande ». Ce groupe édite le sinistre hebdomadaire « Je suis partout » qui tire à 250 000 exemplaires en 1942. Robert Brasillacht son rédacteur en chef veut transformer la « révolution nationale » en « révolution nationaliste » au plus près du modèle nazi.
Le gouvernement de Vichy adopte une attitude complaisante mais ambivalente vis-à-vis des « collaborationnistes ». Pétain se garde de les condamner, tente de les contrôler, pour finalement échouer. Fin 1942 Vichy dérive inexorablement vers un régime policier.
L’occupant nazi privilégie lui jusqu’en 1942 le régime de Vichy qui est reconnu par la population. Il ne prend pas le risque de reconnaître les mouvements d’ultra droite collaborationnistes. Pour les nazis le risque était de favoriser une forme de renaissance nationale, alors qu’ils souhaitaient ‘’seulement’’ vassaliser la France.
Les « collaborationnistes » nous rappellent une chose : l’évolution quasi naturelle de tous ces mouvements et partis vers le totalitarisme.
Ils nous rappellent aussi que la tentative de constituer une base sociale détournée de la gauche est une préoccupation constante de l’extrême droite, comme la distribution des rôles entre pamphlétaires et politiques.
Cet article est issu de notes de lectures des ouvrages suivants : Philippe Burrin : « la dérive fasciste, Doriot, Déat, Bergery 1933-1945 » Seuil 1986 et Pierre-Marie Dioudonnat : « Je suis partout 1939-1944 les Maurassiens devant la tentation fasciste » Paris la Table Ronde 1973