Ces dernières années, nombre de travaux sur l’exil se sont concentrés sur les parcours migratoires. Cette préoccupation nécessaire en a éclipsé une autre, qui fut longtemps un important cheval de bataille de la gauche : la question des personnes arrivées à bon port, qui attendent souvent pendant plusieurs années leur régularisation.
Pour elles, des vies suspendues, des vies emprisonnées dans leur condition clandestine, empêchées de se projeter vers l’avenir et, souvent, de tisser des liens solides avec leur environnement. Des existences sur le qui-vive en permanence, des existences invisibilisées, oubliées, soumises à une implacable et absurde politique du chiffre des expulsions