Dans les années 1970 à Béziers, La Littorale, une usine chimique, est rachetée par la multinationale Union Carbide. L’Union Carbide produit du MIC (Méthyl – Iso – Cyanate), un produit mille fois plus toxique que l’oxyde de carbone et beaucoup plus dangereux que les gaz de combat les mieux étudiés.
Des fûts de MIC sont transportés par mer depuis les USA jusqu’au port de FOS. Ils sont ensuite acheminés par camion jusqu’à La Littorale pour y être stockés. À La Littorale, le MIC va servir à produire un insecticide tout aussi dangereux : le Temik.
Milieu des années 1970 à Béziers, le débat pollution / chômage fait rage. Un comité de lutte contre la pollution de La Littorale est créé. À la suite de manifestations pour dénoncer la dangerosité du site en juin 1977, le président du comité de lutte, Robert Ménard, indique au Nouvel Observateur : « Si l’on ne nous écoute pas, une catastrophe pire qu’à Seveso surviendra tôt ou tard. Alors, on fermera cette usine et toutes les autres . . . »
Il déclare aussi : « À La Littorale, une sous-information en chaîne règne à tous les niveaux. Les ouvriers puisent leur confiance dans l’assurance des cadres, lesquels se confortent en écoutant les dirigeants qui ignorent ou cachent la vérité contenue pourtant dans les notices officielles de la maison mère. »
En novembre 1977 une grève éclate à La Littorale à la suite de 4 graves contaminations.
Nuit du 2 au 3 décembre 1984, ville de Bhopal en Inde, l’un des 3 réservoirs souterrains de l’usine Union Carbide vient de sauter. L’isocyanate de méthyle qui est contenu dans le MIC stocké à Béziers comme à Bhopal se transforme en gaz et envahit la ville. L’apocalypse commence, les rues et les maisons sont transformées en souricière, les derniers décomptes font état de 25 000 morts et 300 000 blessés.
L’usine de Bhopal est construite près de la gare en pleine ville.
L’usine de Béziers est construite au cœur du quartier de la Devèze.
Février 2022, conseil municipal, Robert Ménard présente en tant que maire de Béziers un projet immobilier dans la zone du Capiscol au domaine de la Juliane. Depuis 1977 la zone du Capiscol héberge deux usines classées Seveso seuil haut, Gazechim et SBM Formulation (l’usine qui a succédé à La Littorale).
Dans cette séance du conseil municipal, pour faire taire l’opposition, l’ex-président du comité de lutte contre La Littorale multiplie les attaques personnelles contre ceux qui pointent la dangerosité de la juxtaposition entre le projet immobilier et les usines Seveso, et s’opposent à ce projet.
Mis à part Robert Ménard, qu’est ce qui a changé entre 1977 et 2022 ?
Les usines chimiques se sont concentrées sur la zone du Capiscol, plusieurs d’entre elles ont connu des incidents comme aux grandes huileries Meidaco en 2011, des accidents comme l’incendie de SBM Formulation en 2005.
À Béziers, l’opposition a une responsabilité : faire toute la lumière sur la dangerosité actuelle des usines chimiques concentrées dans la zone du Capiscol, en plein quartier de la Devèze, aux portes de la ville. Cette responsabilité ne s’arrête pas au dernier conseil municipal et aux tentatives d’intimidation du maire de Béziers.
La population a besoin de savoir !