Auditionné fin septembre par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les groupuscules violents, le ministre de l’Intérieur a indiqué que 10 000 personnes « d’ultra gauche » étaient suivies par les services de l’État, dont « 3 000 fichés S ».
Pour Darmanin, le terme « d’ultra gauche » ne désigne pas : « quelqu’un qui commet des actes répréhensibles, mais quelqu’un qui peut être en contact, qui finance ou soutient, qui est en lien avec quelqu’un qui pourrait le faire ».
En clair, Darmanin invente la présomption de culpabilité et l’assume vis-à-vis de la commission d’enquête.
Pour lui ; les militants écologistes, les black blocs, les zadistes, les militants opposés aux mégabassines, les militants contre la réforme des retraites . . . composent « l’ultra gauche ». La terminologie est suffisamment vague pour regrouper tous ceux qui luttent.
On remarque au passage que pour 3 000 fichés S « ultra gauche », il y a ‘’seulement’’ 1300 fichés S « ultra droite ».
D’un point de vue légal, la notion de « fichés S » fait régulièrement débat parmi les spécialistes juridiques. Beaucoup jugent que l’exécutif regroupe sous cette qualification arbitraire des réalités très hétérogènes.
Face aux critiques de la Ligue des droits de l’homme qui a pointé dans un rapport, la responsabilité de l’État et un « usage disproportionné des armes ». (5015 grenades lacrymogènes, 89 grenades de désencerclement, 81 tirs de LBD, 200 blessés, dont 40 grièvement à Sainte Soline).
Darmanin a indiqué à cette commission : « Il faut accepter l’idée que les gendarmes et les policiers utilisent la violence pour faire respecter les règles de droit ».
En accord avec la Ligue des droits de l’homme, c’est justement cette idée que nous ne voulons pas accepter, car cette définition prépare de fait la sortie de l’État de droit.
Signe de la dérive autoritaire de ce gouvernement, la commission d’enquête de l’Assemblée nationale qui devait auditionner le ministre de l’Intérieur est devenue une tribune pour la promotion d’un nouvel ordre sécuritaire.