Á droite, Macron est accusé de faire du copier / coller par Pécresse. Les ressemblances entre leurs deux programmes sont en effet frappantes.
On pourrait les résumer par : du sang, de la sueur et des larmes pour les fonctionnaires, les retraités, les chômeurs et les précaires. C’est la mise en bière de tout ce qui concerne le social. Pour l’environnement, c’est retour vers le passé pour le nucléaire et les énergies fossiles avec un abandon assumé des objectifs climatiques. Cet extrême libéralisme à la Thatcher sera violent et destructeur pour la planète et pour tous les salariés.
Á l’extrême droite, les grandes manœuvres pour colmater les brèches ouvertes par des semaines de pilonnages réciproques sont engagées. Elles préparent un programme nationaliste pur jus où les quelques écrans de fumée sociaux seront vites abandonnés. Il est de plus révélateur que tant Zemmour que Le Pen attendent les résultats du premier tour pour négocier en position de force.
Ces deux camps, droite et extrême droite, se consacrent à préparer l’après premier tour. Comme s’ils étaient sûrs de leur présence en finale. Cet excès de confiance masque en plus une difficulté notable : comment permettre à des centaines de milliers d’électeurs de passer d’un camp à l’autre ?
Comment fera Macron pour récupérer l’électorat LR sans perdre l’électorat volé au PS ?
Comment fera Zemmour pour conserver sa base sociale chauffée à blanc avec la diabolisation en cas d’alliance avec Le Pen ?
Comment fera Le Pen pour garder un électorat biberonné à la dédiabolisation en cas d’alliance avec Zemmour ?
L’équation est plus simple sur le papier que dans la réalité. Elle se résume en une question : comment accueillir un nouvel électorat sans en perdre un autre ?
Dans cette incertitude généralisée, le maire de Béziers est comme souvent un bon baromètre sur les tendances générales de l’heure.
Dans ses récentes déclarations, en bon opportuniste, il semble prendre son parti d’une défaite de l’extrême droite. Il énonce des lignes rouges à ne pas franchir par Le Pen dans le cadre d’un rapprochement avec Zemmour. Avec ces quasi ‘’interdits’’ Ménard se place de fait comme "Macron compatible". Il se réserve une porte de sortie vers la Macronie en cas de défaite de Le Pen. Il se reconfigure un avenir politique à droite après avoir orchestré sa prise de distance d’avec ses ‘’ex-amis’’ d’extrême droite.
Si un Ménard pense qu’un avenir est possible avec Macron, on comprend très vite que les données du deuxième tour de 2017 seraient aggravées en cas de répétition du match Macron / Le Pen en 2022.
Dans cette hypothèse, il n’y aurait plus de duel droite / extrême droite mais un duel extrême libéralisme / extrême droite.
Les partisans du social et de la planète ne peuvent pas être spectateurs d’un tel duel. C'est pourquoi dimanche 10 avril 2022 il faut voter contre l’extrême libéralisme et contre l’extrême droite.