Ce livre préfacé — et traduit de l’anglais (Inde) — par Michel Bernard* a fait l’objet d’un entretien de 3 pages avec l’auteur dans le n° de mai 2022 de S!lence. (n° 510). Voici les sujets qu’il traite :

Courbe de la richesse monétaire et courbe des ressources,
Pic pétrolier,
Le monde incertain des énergies renouvelables,
Dénis et fausses solutions,
Décroissance et transition.

Contrairement à nombre d’ouvrages, ce livre de vulgarisation se distingue par son caractère très pédagogique. II peut être lu et compris sans difficulté par des personnes qui n’ont ni formation scientifique ni formation dans le domaine de l’économie. Disons qu’avec un niveau d’arithmétique et de logique de niveau cm2 on peut suivre ses démonstrations.

La comparaison entre concept de croissance exponentielle de la masse monétaire et réalité de la richesse est expliquée à l’aide d’exemples vivants, d’images frappantes et de croquis simples.
De même que la corrélation entre énergie et croissance. « La croissance ne dépend pas seulement de l’énergie brute disponible, encore faut-il consommer moins qu’on en obtient. C’est la même différence qu’entre le bénéfice net et le revenu brut en économie. »

Au début des années 70 les 2 courbes commencent à s’éloigner. Celle de la masse monétaire, exponentielle, monte en flèche. Celle du pétrole (et des autres ressources naturelles) qui a une forme de cloche ralentit.

Pour dissimuler l’écart grandissant entre niveaux financiers et énergétiques, plusieurs moyens artificiels vont être mis en œuvre à partir de 1971.

Pétrole : cette énergie, base de notre civilisation industrielle, possède tous les avantages : facile à transporter et à stocker, elle sert à la fabrication du bitume, des plastiques, des lubrifiants, des engrais, des produits pharmaceutiques ainsi qu’à la construction de tous les autres systèmes de production d’énergie. De plus, 6000 objets dont nous ne savons pas nous passer dépendent de ces sous-produits. Aucune énergie alternative ne peut le remplacer.
Mais le pic de la courbe a été dépassé en 2005, l’extraction devient de plus en plus difficile.

La 2e partie du livre est consacrée aux énergies alternatives et à leur évaluation. Qu’il s’agisse des carburants liquides alternatifs (éthanol, sables et schistes bitumeux), ou électriques : solaire, éoliennes, hydraulique, nucléaire, piles à combustible, hydrogène, géothermie, énergie des vagues, énergie marémotrice, fusion, l’auteur montre à quel point elles restent toutes dépendantes du pétrole et sont loin d’apporter les solutions attendues, soit en raison de rendements trop faibles ou intermittents soit de problèmes de stockage.
La véritable transition devra accepter que « petit » et « moins » est mieux, que le local est important, la diversité, primordiale et la solidarité indispensable. Il s’agit de prendre conscience de ce qui va être possible dans un monde où la quantité d’énergie disponible diminue de jour en jour. Ainsi que l’argent disponible. Nous devons nous y préparer.

Un exemple de ce qui nous attend nous a été fourni par Cuba. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les importations de pétrole sur l’ile ont brusquement chuté de 75 % et celle des denrées alimentaires de 80 %, les pannes d’électricité et d’eau sont devenues quotidiennes et la monnaie a été dévaluée au point d’être inutile. Malgré tout cela, le pays a survécu. Aujourd’hui, 80 % de sa production alimentaire est locale et biologique et la santé s’est améliorée.**

La voie de la sobriété
La 3e courbe ou la fin de la croissance
Mansoor Khan
Ed. écosociété, 2022, 245 p. 18 €

* Michel Bernard, journaliste et fondateur en 1982 de la revue S!lence

* * Un documentaire intitulé The power of community réalisé par Faith Morgan en 2006 explore comment les Cubains ont géré leur crise économique et énergétique.