Bayrou envisage l’interdiction des bidonvilles où vit plus d’un tiers de la population mahoraise. Cette mesure populiste inspirée par Retailleau et Darmanin est censée lutter contre l’immigration illégale. De fait, elle va concerner toutes les formes de précarité.

À Mayotte, le gouvernement de Bayrou est incapable de compter les morts, d’envoyer en nombre suffisant des vivres, de l’eau, des soins, mais il assure vouloir reconstruire l’île en moins de 2 ans.

Cette resucée de l’opération « Notre Dame » aura des difficultés pour passer de l’état de promesse à celui de réalisation. Ces difficultés sont politiques et financières :

  • D’un point de vue politique ce qui intéresse Bayrou, Retailleau et Darmanin dans leur course de vitesse vers les Présidentielles, c’est doubler Le Pen. Pour la doubler, ils pensent qu’il faut appliquer son programme. À Mayotte c’est expulser les sans-papiers,
  • D’un point de vue financier, Bayrou n’aura pas pour Mayotte les millions des milliardaires qu’a eus Macron pour Notre-Dame.

En réalité, à Mayotte, la droite extrême et l’extrême droite entendent reconstruire l’île comme une miniature de ce qu’ils vont proposer pour la France : des policiers voire l’armée pour interdire la reconstruction des bidonvilles et la chasse aux clandestins.

L’interdiction de la reconstruction des bidonvilles se heurte pourtant au réel : si on interdit la misère, elle disparaît ?

À Mayotte, 100 000 personnes vivent dans des « bangas » ces cases en tôle détruites par le cyclone Chido. Ces bangas existent parce qu’il n’y a pas de logements sociaux, ni de HLM.

Pour mesurer ce que représente ce chiffre, il existe dans l’hexagone entre 15 000 et 20 000 personnes qui vivent dans des bidonvilles. La plupart d’entre elles sont en situation légale, mais le gouvernement « n’arrive pas » à les reloger.

Comment pourra-t-il faire à Mayotte ce qu’il ne fait pas dans l’Hexagone ?

Pour reloger tous les Mahorais touchés par le cyclone, il faudrait construire 50 000 logements neufs. Qui peut croire que Bayrou est prêt à financer un tel programme.

Ce que va faire Bayrou, c’est un bis repetita de l’opération Darmanin en 2023 : traquer les illégaux et détruire toutes les cases.

Les Comores n’acceptant pas le retour de leurs ressortissants, Bayrou, Retailleau et Darmanin sont condamnés à terroriser la population pour qu’elle parte d’elle-même.

Cette terreur sera forcément indiscriminée, les cases des légaux et des illégaux sont toutes menacées.

Les pauvres à Mayotte comme dans l’hexagone ne peuvent pas lier leur destin aux projets de la droite extrême et de l’extrême droite.

Leur objectif affiché : « il y en aura plus pour les Mahorais et les Français de souche » est une supercherie, un leurre.

Pour la droite et l’extrême droite ? les pauvres sont des assistés qui ne méritent pas l’argent qu’on leur donne, même si ce sont des miettes.

Dans leur logiciel, passé la traque aux pauvres illégaux, les pauvres resteront pauvres mais légaux. Cerise sur le gâteau, ces pauvres légaux seront tout autant indésirables que les autres.

Un gouvernement populaire de gauche digne de ce nom s’appuierait sur les forces vives mahoraises pour reconstruire l’île. Il gérerait avec les habitants les politiques d’adduction d’eau, de vivre, de santé, d’éducation, de migration.

Il abandonnerait une politique coloniale qui pense tout depuis Paris et l’Élysée avec la croyance raciste que les Mahorais sont incapables de subvenir à leurs propres besoins à leur propre destin.

Cette croyance, est celle qui enferme tous les peuples colonisés dans une dépendance économique et culturelle à une soi-disant « mère patrie » qui n’a de mère et de patrie que l’appellation.

Quelques indications pour mesurer ce qu’est la colonisation à Mayotte :

  • Depuis 1976 et en 25 ans, l’État français a construit moins de 20 000 logements sociaux, les cases en dur baptisées « cases SIM » du nom de la société immobilière de Mayotte (SIM).
  • Cette politique d’accession à la propriété des « cases SIM » est abandonnée en 2000.
  • En 2010, l’État remet en place un dispositif pour construire des logements sociaux, mais ceux-ci sont exclusivement à usage locatif.
  • Aujourd’hui, les bidonvilles construits en branches et en tôles, sans adduction d’eau, sans assainissements, sans électricité représentent 38 % des logements de l’île.
  • Les mêmes routes existent depuis 40 ans.
  • Il faut 2 heures de trajet pour traverser Mamoudzou, la capitale, du nord au sud alors qu’il n’y a que 5 ou 6 kilomètres.
  • En 40 ans moins de 10 stations d’épuration ont été construites.
  • Il y a 5 communautés de communes qui ont chacune leur plan local d’urbanisme (PLU).
  • Depuis 10 ans des logements se construisent comme en France avec des étages allant jusqu’à R + 7. Le problème ce n’est pas la hauteur, mais la configuration qui est la même qu’en métropole.
  • À Mayotte la vie se passe majoritairement à l’extérieur. La « varangue » c’est là où on cuisine, où les enfants jouent, où le linge sèche.
  • Les familles achètent la nourriture en vrac, le riz par sac de 20 kg, les kitchenettes à la métropolitaine ne sont pas adaptées.